Au-delà des compétences techniques, la fonction de manager exige calme, sang-froid, discernement et pleine conscience. L’étendue des responsabilités requiert une posture cohérente, des actes qui font sens, une capacité à proposer une vision à long terme : bref, une sagesse et un courage managérial !
Cette posture est difficile à tenir dans un monde régi par l’urgence, la pression des objectifs et des résultats à court terme. Comment la sagesse peut-elle prendre sa place en entreprise et devenir l’atout des managers de demain ?
Le monde avec lenteur marche vers la sagesse
On dit d’un enfant qu’il est sage :
- quand il est docile, parfois soumis ; quand il s’abstient de répondre à l’autorité ; qu’il est obéissant et exécute sans discuter les ordres qu’on lui ordonne.
- quand il est instruit et plein de bon sens ; quand il est libre et n’en fait qu’à sa tête ; quand il est insoumis, authentique ; quand il ne cherche plus à plaire… Quand il a rencontré sa vraie nature et le sens de la vie.
Mais quand peut-on dire d’un manager qu’il est sage ? La sagesse a t’elle sa place en entreprise ? Peut-elle cohabiter avec le leadership et la performance ? Si oui, en quoi consiste t’elle ?
Vers une sagesse appliquée ?
Le monde avec lenteur marche vers sagesse, nous dit Voltaire. Ainsi donc, cette qualité tant recherchée par les chercheurs de bonheur du monde entier se trouverait dans la lenteur ? Comment être lent dans un monde où l’on ne parle que de réactivité, de rapidité, de speed meeting ?
Si aujourd’hui des multinationales comme Google et les entreprises de la Sillicon Valley forment leurs managers à la méditation, à la pleine conscience, et ouvrent leurs portes à des maîtres spirituels, c’est qu’elles ont compris qu’il existait une sagesse appliquée.
Lorsque j’observe les dysfonctionnements managériaux, j’entends les mêmes rengaines « mon manager n’a aucune vision » ; « cela manque de sens » « aucune perspective cohérente à long terme » « on a perdu la qualité humaine » « on nous demande de plancher sur un dossier qui finalement ne verra jamais le jour » « nos dirigeants ne donnent pas l’exemple ». Toutes ces critiques ont en commun qu’elles font allusion à l’une des plus honorables qualités humaines : la sagesse.
On peut imposer son pouvoir par une autorité construite sur la peur. Non seulement cette forme de management n’apporte aucun résultat dans le long terme, mais en plus, le manager ne tire aucun intérêt de cette autorité d’un autre siècle.
10 pistes pour devenir un manager inspirant
Quelles sont donc les précieuses qualités dont nous parlent les sages d’Orient, du Tibet, de la Grèce ou de l’Inde, qui feraient d’un homme ordinaire, un homme sage ?
Sans être exhaustif, voici 10 pistes, comme autant de qualités à développer pour devenir un manager inspirant.
- Le discernement : L’homme sage est lucide. Il n’agit pas, sans cesse, emporté par son émotion. Il porte sur le monde un regard systémique. Il ne se contente pas de chercher à aller toujours plus haut et toujours plus vite ; il vérifie que la direction qu’il prend est la bonne. Qu’elle s’appuie sur des valeurs éthiques et responsables.
- Le courage : Le manager emprunt de sagesse est un individu courageux. Il sait prendre les décisions qui lui tiennent à cœur et s’y tient. Il prend des risques et considère l’échec comme une composante du succès et non comme une épée de Damoclès à éviter à tout prix.
- L’authenticité : L’homme ou la femme inspiré par la sagesse ne triche pas. Il se montre au grand jour et assume ses prises de décision. Il ne complote pas en secret de petites magouilles, n’est pas consensuel ni faux. Il assume les valeurs qu’il porte. Cela n’empêche pas sa discrétion et sa délicatesse. Ce manager communique avec franchise et honnêteté.
- La générosité : Sans cœur, point de sagesse ! Et cette générosité là n’est pas une politesse de façade ; mais une aptitude à considérer l’autre avec autant de bienveillance qu’il ne se considère lui-même. Car la bienveillance est une composante fondamentale du management de demain.
- L’équité : Le manager sage est équitable. Il est juste. Il peut privilégier telle ou telle option ; mais il est garant dans son service d’un esprit de partage, d’équilibre, et d’honnêteté morale. Cette qualité inspire et force le respect.
- La patience : La patience est l’art des samouraïs. Les maîtres zen sont d’imparables négociateurs car ils ont le temps pour eux. Un sage est patient. Il sait que tout arrive à qui sait attendre et qu’il ne sert à rien de tirer sur la tête s’une fleur pour la faire pousser plus vite. Cette patience accordée à l’action juste est la marque des grands patrons.
- L’humilité : Dans un dojo, le plus gradé est celui qui s’incline le plus. Il est au service des moins gradé. Un manager devrait toujours avoir la sagesse de courber la tête. Car il sait que sa grandeur et sa puissance ne sont pas une affaire d’égo ou d’orgueil, mais de force intérieure assise par une compétence et un savoir faire.
- La sobriété : Dans un monde de surenchère, la sobriété est la qualité des sages. Cette sobriété là n’a rien à voir avec la privation ou la petitesse. C’est sur cette sobriété volontaire que sont appuyées les communautés monastiques depuis des siècles pour maintenir en elles l’harmonie et la constance.
- La congruence : Ce n’est pas en conseillant à ses collaborateurs d’adopter ces qualités que le manager se fera respecter. Mais en étant congruent. En incarnant lui-même les qualités qu’il encourage. Ce manager devient pour ses collaborateurs et pour ses proches, une authentique source d’inspiration.
- La sagesse : est un apprentissage, c’est en se remettant en question, en s’ouvrant à d’autres expériences, en étant curieux et ouvert que l’on peut intégrer cette belle qualité dans notre quotidien managérial.