Faire des agents publics des ambassadeurs du numérique

Former et acculturer tous les agents des collectivités publiques aux outils numériques, c’est le parti pris par Johan Theuret, Directeur général adjoint chargé du pôle “Ressources” de la ville de Rennes et de Rennes Métropole. À travers ce plan de développement des compétences ambitieux, il s’est fixé deux objectifs : accompagner le basculement progressif vers le numérique des services publics et anticiper les évolutions de carrière des agents.

A quels enjeux êtes-vous confronté en matière de formation ?

Johan Theuret : Nous vivons une période de transformation de nos organisations, qui tendent à se numériser. Nous le voyons à travers la dématérialisation de nos processus internes, de la relation à l’usager… L’État s’est fixé pour objectif d’atteindre 100 % de dématérialisation de ses 250 principales démarches administratives pour fin 2022. Or, nous constatons plusieurs niveaux d’adoption des outils numériques au sein de nos collectivités : les agents avec des fonctions de bureau qui les utilisent quotidiennement dans le cadre de leur travail et les agents de terrain qui ne les maîtrisent pas forcément. L’illectronisme ne touche pas uniquement les personnes âgées : 17 % de la population ne sait pas utiliser correctement internet.

Combien d’agents ont besoin d’être sensibilisés au numérique ?

J. T. : Sur les 6 000 agents que comptent la ville et la métropole, environ 2 500 sont éloignés des outils numériques et peuvent avoir des points de fragilité. C’est la raison pour laquelle nous avons lancé un plan d’action baptisé « Le numérique pour tous ». Notre parti pris est le suivant : ce n’est pas parce que certains agents ne sont pas amenés à utiliser le numérique quotidiennement que nous ne devons pas les former. Le premier volet du plan a consisté à doter tous nos agents d’une identité numérique pour accéder à l’intranet et leur permettre d’échanger par email avec leurs collègues et leur hiérarchie. Nous nous concentrons désormais sur la formation.

NOUS OFFRONS À NOS AGENTS LA POSSIBILITÉ DE S’ENRICHIR

Comment identifiez-vous les besoins ?

J. T. : Nous incitons nos agents à apprécier leur niveau de compétence numérique à l’aide de la solution d’évaluation en ligne Pix, un outil autoapprenant utilisé par l’éducation nationale. Nous avons mis en place un accompagnement à l’aide de trois conseillers numériques : formation à la bureautique, sensibilisation à des thématiques spécifiques (sécurité, gestion des données…). Nous essayons de dessiner des parcours de montée en compétence. Parce que l’usage favorise l’appropriation des outils, nous avons également augmenté la diffusion des smartphones et tablettes auprès de nos agents qui peuvent en avoir besoin.

Quelles sont vos ambitions ?

J. T. : Nous voulons ouvrir nos agents au numérique dès aujourd’hui pour que demain, ils aient les bonnes compétences. Soit parce que leur métier actuel va se digitaliser, soit parce qu’ils vont en changer. Un agent de terrain en Ehpad victime d’une usure physique pourra être repositionné sur un poste administratif pour lequel la compétence numérique sera nécessaire. À travers la formation, nous offrons à nos agents la possibilité de s’enrichir et l’accès à la mobilité professionnelle.

Y a-t-il d’autres mesures prévues dans le cadre de ce plan ?

J. T. : Parce que le numérique est responsable de 4 % des émissions de gaz à effet de serre au niveau national, nous sommes engagés dans des actions fortes de sensibilisation à la transition écologique. D’ici la fin du mandat, tous nos agents auront participé à la Fresque du Climat. Les utilisateurs intentifs d’outils numériques sont également formés au numérique responsable. Nous faisons de la pédagogie pour promouvoir de nouveaux comportements et usages, conserver le matériel information plus longtemps par exemple, pour avoir un numérique plus soutenable et responsable socialement.

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