En 2022, plus d’un Français sur trois a souhaité quitter son emploi. Le niveau de stress et un salaire jugé insuffisant sont les deux premières causes d’insatisfaction.
La crise du Covid, l’inflation galopante et la guerre en Ukraine ont laissé des traces. La santé mentale au travail s’est nettement dégradée, révèle une enquête sur la satisfaction au travail menée par l’entreprise Capterra auprès de plus de 1.000 employés français.
En 2019, seuls 4 % des salariés interrogés estimaient leur santé mentale mauvaise à très mauvaise. En 2022, ce taux a bondi à 16 %. Et cette dégradation du bien-être au travail influe directement sur les velléités de départs, qui sont « en croissance » : en 2022 plus d’un Français sur trois (37 %) a souhaité quitter son emploi, dont 18 % avant la fin de l’année. Les deux premières causes d’insatisfaction sont le niveau de stress et un salaire jugé insuffisant.
Importance du lien humain
Quelques pistes sont proposées par Capterra afin d’améliorer le rapport employeur-salarié, notamment autour de la notion du « Care management ». Pour Emilie Audubert, analyste au sein de l’entreprise, « les employeurs pourraient mettre en place des processus d’évaluation des risques, qui fluctuent grandement selon les postes de travail. Ils devraient aussi davantage se former pour améliorer leur intelligence émotionnelle », estime-t-elle. Car l’étude souligne que l’aptitude à reconnaître les efforts et le travail fourni est la première qualité souhaitée par les salariés à l’égard de leur supérieur.
Capterra précise que le développement du télétravail, a minima en mode « hybride », peut être un levier pour améliorer le bien-être des employés. « Mais il est important de maintenir, même à distance, des moments d’échanges formels et informels », estime Emilie Audubert.
Car les attentes évoluent au fil des générations. La « génération Z » (personnes nées à partir de 1996 selon la classification de l’entreprise Gartner, NDLR) place par exemple l’autonomie et la flexibilité, mais également le niveau de rémunération, au coeur de ses aspirations professionnelles. Un phénomène qui ne peut qu’accentuer le phénomène du « job hopping » ou le changement fréquent d’emploi, en croissance depuis de nombreuses années, selon l’enquête. Des volontés de changement souvent poussées par l’attrait d’une meilleure rémunération au sein d’une autre entreprise (1er facteur).
Une évolution qui a aussi des conséquences aux yeux des recruteurs, « Cela déstigmatise les changements d’emplois, auparavant vus comme un signe d’instabilité préjudiciable pour l’entreprise. Ils sont aujourd’hui beaucoup mieux perçus, à l’image d’un monde du travail qui se transforme », conclut Emilie Audubert.
Par Raphaël Jacomini