Si le télétravail a pu s’imposer comme une solution pratique et sécuritaire pendant la pandémie, il semblerait qu’elle soit désormais reléguée au second plan. En 2025, les managers optent de plus en plus pour le retour au bureau. Dans ces conditions, le télétravail a-t-il encore un avenir ? Pourquoi les entreprises privilégient à nouveau le travail en présentiel ?
Le télétravail en 2025 : une tendance en perte de vitesse ?
Le télétravail a connu une grande croissance à partir de 2019 et s’est ensuite ancré dans nos mœurs. Aujourd’hui encore, la plupart des managers proposent à leurs équipes un ou deux jours de travail à distance. Cependant, plusieurs sociétés ont récemment pris une décision qui pourrait laisser entrevoir la fin du télétravail.
En septembre 2024, Amazon a prescrit un retour complet au bureau pour tous ses salariés basés aux États-Unis. De même, en octobre 2024, des employés du groupe Ubisoft ont lancé une grève de trois jours en réponse à la suppression de leurs jours de télétravail.
Le télétravail va-t-il continuer en 2025 ?
Face aux tendances négatives, il est possible de se demander si 2025 est l’année de la fin du télétravail. Un rapport de mars 2024, publié par l’APEC (Association pour l’emploi des cadres), révèle que le télétravail s’est largement imposé dans les habitudes. 28 % de l’échantillon interrogé déclare travailler à distance deux jours par semaine, tandis que 6 % du même panel affirme être en télétravail cinq jours par semaine.
Pour les cadres, un retour en arrière n’est pas envisageable et 82 % de l’échantillon interrogé serait globalement mécontent si leur service supprimait le télétravail. Dans les mêmes conditions, jusqu’à 45 % des personnes interrogées seraient prêtes à changer d’entreprise afin d’évoluer dans un environnement qui leur offre la flexibilité à laquelle elles sont déjà habituées.
Fin du télétravail : quelles sont les raisons avancées par les entreprises ?
En dépit des données précédentes, plusieurs entreprises pourraient envisager la fin du télétravail. En effet, les managers estiment que le travail en présentiel est plus fluide et plus efficace que la gestion des dossiers à distance. Voici quelques arguments qu’évoquent les entreprises pour justifier le grand retour au bureau.
La productivité et la collaboration interne
De l’avis des managers, le travail en présentiel favorise l’innovation, stimule la créativité et décuple les interactions spontanées. Qu’il s’agisse de Société Générale ou d’Amazon, plusieurs structures sont convaincues que la présence au bureau renforce la culture d’entreprise et facilite la collaboration entre les cadres. Il va sans dire que les télétravailleurs admettent que cette pratique réduit effectivement les interactions et la cohésion au sein des équipes.
Le rapport 2024 de l’APEC révèle ainsi que 48 % des cadres observent une faible intégration des nouveaux salariés dans l’équipe. 41 % de ce panel évoquent aussi un manque de relations avec leurs collègues ou avec la clientèle. Enfin, 30 % des personnes interrogées auraient du mal à organiser des réunions ou des sessions de travail collectif en télétravail.
Un meilleur contrôle des équipes
Si les entreprises ne souhaitent pas forcément réduire l’autonomie de leurs équipes, elles aimeraient continuer à superviser leurs tâches. Or, de l’avis de certains managers, les employés seraient moins performants en l’absence de supervision directe.
Dans la même logique, 40 % de l’ensemble des télétravailleurs interrogés par l’APEC affirment avoir du mal à séparer leur vie professionnelle de leur vie privée. De même, 23 % de cet échantillon éprouve des difficultés lorsqu’il est question de demander de l’aide au manager ou aux collègues pendant leurs sessions de travail à distance.
Fin du télétravail : quels enjeux stratégiques pour les entreprises ?
La possible fin du télétravail ne serait pas sans risques pour les entreprises. Si plusieurs firmes américaines l’ont envisagé, il n’en demeure pas moins que dans certains cas, les salariés ont vivement protesté contre ce revirement. Quels sont les enjeux stratégiques en lien avec cette démarche ?
L’accroissement de tensions internes
La fin du télétravail pourrait être perçue comme un véritable recul par rapport aux précédents acquis. Dans le cas du groupe Ubisoft, les décideurs ont ainsi assisté à une démobilisation et à des mouvements sociaux. Pour les entreprises qui l’envisagent, la restriction du télétravail devra être sérieusement murie en amont. Les managers devront faire preuve de transparence et, éventuellement, envisager une transition en douceur pour encourager les télétravailleurs à revenir de plus en plus au bureau.
La baisse de l’attractivité de l’entreprise
Le marché de l’emploi est concurrentiel autant pour les salariés que pour les recruteurs. Ceux-ci doivent dénicher les talents et tout mettre en œuvre pour les séduire et les fidéliser. Or, des conditions de travail flexibles demeurent un critère majeur pour la jeune génération.
En dépit des remarques objectives, 69 % des cadres interrogés par l’APEC affirment que le télétravail présente plus d’avantages que d’inconvénients. Sans réelle adaptation, les entreprises qui envisagent la suppression du télétravail pourraient s’exposer à des difficultés de recrutement.
Télétravail vs présentiel : quels avantages ?
Le travail à distance présente plusieurs avantages pour les cadres, notamment plus d’autonomie et moins de stress. En général, les télétravailleurs organisent plus facilement leurs tâches, car ils ne subissent plus la pression liée à l’atteinte des objectifs. De même, ils seraient en meilleure santé que les salariés qui ne travaillent pas à distance. Pour sa part, le travail en présentiel conserve ses lettres de noblesse en ce qu’il favorise la coopération sur le lieu de travail. Il facilite les échanges et renforce la culture d’entreprise.
Qu’une entreprise envisage ou non la fin du télétravail, elle devra faire face à un dilemme managérial. En effet, il convient de trouver l’équilibre entre la satisfaction des équipes et l’optimisation de la collaboration. Pour y arriver, les décideurs peuvent décider d’ajuster leur politique interne tout en renforçant la communication avec les employés.