La formation à distance
Formation professionnelle

Apprendre à distance : 5 formations à la loupe

Choisir sa formation à distance.

De plus en plus libre d’accès, l’offre de formation à distance est foisonnante. Entre MOOC, visioconférence et réalité virtuelle, comment choisir ?

L’éloignement géographique n’est plus la seule raison de recourir à la formation à distance. Les formats numériques développés, ces dernières années, foisonnent d’innovations pédagogiques.

Accessibles directement sur internet ou via les portails de formation des grandes entreprises, des ressources de plus en plus variées permettent à chacun de se former à la carte, seul ou en groupe,  selon ses besoins professionnels bien sûr, mais aussi en fonction de ses projets personnels, de ses moyens financiers, ou tout simplement de ses envies.

Trois spécialistes de la formation continue détaillent le fonctionnement, les avantages et les inconvénients de diverses offres : les MOOC, classes virtuelles ; les modules d’e-learning, les « serious games » et réalité virtuelle.

#1 Les MOOC : les plus plébiscités

Apprendre rapidement et discrètement à mener une véritable enquête policière, à dispenser des premiers secours, à gérer une association ou à écrire un roman : rien de plus facile aujourd’hui, avec les MOOC (massive open online courses) ! En quelques années, ces cours en ligne – gratuits, ouverts et « en masse » – sont entrés dans la vie des Français. En 2017, 1.500 MOOC ont vu le jour dans le monde, dont près de 360 en France.

« Celui de Cécile Dejoux au CNAM, « Du manager au leader », réunit plus de 30.000 inscrits à chaque session », rappelle Rémi Lesaint, cofondateur du site My Mooc, agrégateur de différentes plates-formes spécialisées. « Le MOOC repose sur une liberté totale, explique François Barthélémy, maître de conférences au CNAM et auteur de plusieurs cours de ce type. « C’est un format accessible à tous et partout, d’une vingtaine d’heures, et qui ne nécessite qu’un investissement personnel léger. Moins le contenu est dense, plus le succès du cours est assuré. » Si  le management et les  technologies sont les disciplines les plus représentées, il existe des MOOC dans tous les domaines.

A côté des plates-formes françaises FUN (France université numérique) et OpenClassrooms, d’autres dans le monde entier mettent des centaines de cours à la disposition de chacun, dans plusieurs langues : FutureLearn au Royaume-Uni, Coursera, edX, Udacity, et eVersity aux Etats-Unis, Miríadax en Espagne, XuetangX en Chine. Les raisons de ce succès ? « Pour suivre un MOOC, une connaissance basique des outils numériques suffit, » explique François Barthélémy.

S’il est fréquent qu’un MOOC rassemble plusieurs milliers d’inscrits au démarrage, seuls quelques centaines se montrent assidus jusqu’à la fin. « Pour obtenir un bon taux d’engagement, il faut un système de points, de classement, de badges. Bref, utiliser les ressorts de la gamification », résume Jules Robert-Le Hérissé. Un avis partagé par le cofondateur de My Mooc : « La qualité d’un MOOC tient beaucoup aux moyens de la production audiovisuelle. Cela doit se regarder comme une série ! »

Longtemps simples vitrines des grandes universités américaines, les MOOC sont de plus en plus diplômants. « Les attestations obtenues à l’issue d’un QCM en ligne n’ont pas de valeur officielle, précise François Barthélemy. Mais certains diplômes français et titres inscrits au répertoire national des certifications (RNCP) sont désormais accessibles à l’issue d’un MOOC et d’un examen. » Les candidats sont alors mis sous surveillance à distance, à l’aide d’une webcam.

Les MOOC certifiants sont payants – une soixantaine d’euros pour ceux des universités françaises. « Obtenir un certificat permet de mettre en valeur sa curiosité et sa volonté de progresser et d’apprendre », souligne Rémi Lesaint, chez My Mooc. « La certification diplômante d’une grande école américaine épinglée sur un profil LinkedIn est toujours du meilleur effet », confirme Jules Robert-Le Hérissé, responsable formation du groupe Unibail-Rodamco.

Il existe enfin des versions corporate du MOOC : les SMOC (small private online courses) et les COOC (corporate open online courses). Mis en oeuvre par de petits prestataires, sur mesure pour les entreprises, « leur force tient à leur contenu plus précis, conçu pour une population cible », indique Jules Robert-Le Hérissé. « Mais ils sont souvent plus intensifs. »

#2 La visioconférence : gare à la fracture technique !

La visioconférence est  souvent peu appréciée,  on lui préfère les cours en présentiel. La classe virtuelle est pourtant indispensable lorsqu’il s’agit d’éviter les déplacements de participants éloignés les uns des autres. Ceux-ci doivent alors être tous connectés en même temps.

La visioconférence permet d’obtenir les mêmes certifications qu’un cours classique : titres universitaires, d’ingénieurs ou inscrits au RNCP. C’est un dispositif qui se prête bien au travail en groupe. « Mais la visioconférence demande une certaine maîtrise technique de la part du formateur, prévient François Barthélemy, maître de conférences au CNAM.

« Il faut disposer d’outils synchrones et collaboratifs permettant le partage de documents, savoir distribuer les temps de parole et veiller à la qualité du son. »

#3 Le tutoriel : progrès en cours

Le tutoriel constitue le module de base d’e-learning. Il peut, par exemple, s’agir d’un mode d’emploi en format vidéo sur les fonctionnalités d’un logiciel. Il doit être court pour être efficace.

« Le format idéal est la microcapsule de 15 à 20 minutes, estime Jules Robert-Le Hérissé, responsable formation du groupe Unibail-Rodamco. Elle permet de faire le tour d’un sujet et de conserver l’engagement des utilisateurs. » Le tutoriel peut être mis au point par une entreprise pour présenter et expliquer ses propres produits ou service. Mais ce n’est pas toujours le cas.

« Contrairement au MOOC, conçu par des universitaires ou des spécialistes, le tutoriel peut être créé par n’importe qui, avant d’être diffusé sur YouTube », alerte Rémi Lesaint, cofondateur de My Mooc. Accessibles librement, ces mini-formations peuvent donc parfois se révéler de piètre qualité. Mais des améliorations qualitatives pourraient changer la donne (les modules ne sont guère valorisables sur un CV aujourd’hui).

« Nous délivrons à nos collaborateurs d’Unibail-Rodamco une attestation pour chaque module suivi, signale Jules Robert-Le Hérissé. Nous réfléchissons même à les faire labelliser et reconnaître à l’extérieur de l’entreprise. »

#4 Le serious game : en perte de vitesse

Les serious games sont des jeux vidéo à visée pédagogique. Ils ont pour but de former à certaines techniques comme la vente. Très à la mode, il y a encore quelques années, ils voient l’engouement qu’ils ont suscité quelque peu retomber.

« Les serious games sont coûteux et déceptifs », résume Jules Robert-Le Hérissé. « Les attentes de l’utilisateur sont très fortes. L’ingénierie pédagogique, le graphisme et la mise à jour doivent être à la hauteur des standards actuels des jeux vidéo, qui s’améliorent sans cesse. Or ils se révèlent très lourds à faire évoluer. »

#5 La réalité virtuelle : potentiel à démontrer

La réalité virtuelle, qui permet de reproduire les gestes du métier malgré la distance, est-elle promise au même avenir que le serious game ? Les avis sont partagés. Mais pour Jules Robert-Le Hérissé, ce système immersif à 360 degrés – composé d’un casque de réalité virtuelle, d’un casque audio et de manettes – n’a pas encore révélé tout son potentiel en matière de formation.

« La réalité virtuelle est très pertinente dans une industrie comme la nôtre ! Nous utilisons déjà un module de simulation immersive qui permet à nos collaborateurs de visiter notre centre commercial à Prague, et nous comptons en réaliser plusieurs autres. C’est un gain en coût de transport très appréciable. Cette technique permet aussi de faire d’excellentes formations en sécurité. »

Géraldine D’Auvergne

 

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