Le dirigeant se doit d’être cohérent et d’incarner ce qu’il dit. Mais il doit aussi être toujours préoccupé de l’effet qu’il produit.
Beaucoup de dirigeants considèrent que l’authenticité est une dimension importante du leadership.
Un dirigeant est celui sur lequel les collaborateurs projettent une partie de leurs émotions. Si l’authenticité n’est pas présente, cela génère une perception assez négative, un sentiment que cela sonne faux. Le discours est parfait, mais il n’est pas incarné. On sait que, derrière les belles paroles, les actes ne suivront pas.
Effet inverse de celui recherché
C’est particulièrement flagrant sur la raison d’être de beaucoup d’entreprises. Entre les belles formules et la réalité que vivent les salariés, il y a souvent un fossé. Un dirigeant doit donc au maximum faire correspondre ce qu’il dit avec ce qu’il pense vraiment.
Mais pour autant, l’authenticité ne signifie pas dire tout ce que l’on pense. Il est même de la responsabilité d’un dirigeant de bien souvent garder pour lui ses remarques qui – s’il les exprimaient – pourraient avoir l’effet inverse de celui recherché. C’est bien la différence entre la spontanéité et l’authenticité.
Sous le coup de l’émotion
La spontanéité est survalorisée par les usages des réseaux sociaux. Chacun est encouragé à réagir (le plus vite possible) à ce qu’écrivent les autres. Prendre part au débat, donner une opinion tranchée est souvent considéré comme une forme d’authenticité.
Chacun dit ce qu’il pense de façon directe et spontanée. En fait, chacun réagit de façon émotionnelle. Et comme souvent sous le coup de l’émotion, chacun s’exprime en amplifiant ce qu’il pense sans se préoccuper des conséquences de ses propos.
Des risques
Le dirigeant qui cède à sa spontanéité montre une forme d’authenticité dans le sens où il se révèle, brut de décoffrage. Pour autant, il prend des risques.
Celui de ne pas mesurer suffisamment l’effet produit par sa réactivité émotionnelle. Voire de produire des effets inverses de ceux qu’il souhaiterait. Il s’expose donc, en révélant ce qui le fragilise, à se mettre en faute.
Être authentique ne signifie pas être transparent. S’il est essentiel qu’un dirigeant montre quel individu il est et ce qui l’anime, pour autant il ne s’agit pas de se révéler entièrement.
Le dirigeant se doit d’être cohérent et d’incarner ce qu’il dit. Mais il doit aussi être toujours préoccupé de l’impact de ses paroles. Et pour cela, ne jamais oublier ce qu’on a appris à l’école : tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler.
Par Eric Albert (associé gérant d’Uside)