Le travail se fait rarement seul. Il est naturellement collectif et collaboratif. A l’heure où l’on parle de la perte du collectif au travail, je voudrais revenir sur l’un des aspects positifs que peut apporter le travail : ce sentiment de faire partie d’un collectif, d’une équipe.
Il est important de noter que lorsque l’on interroge les salariés français sur ce qui comptent le plus pour eux en terme de qualité de vie au travail, la réponse est les relations entre collègues.
Du collectif peuvent naître des échanges, des apprentissages, des complicités, des solidarités, de l’entraide, de l’émulation, du rire mais aussi des tensions, des jalousies, des clans… La vie, en somme !
Le collectif de travail, un terreau fertile
A quoi reconnait-on un collectif de travail dans une entreprise ?
Lorsque des salariés ont le sentiment de vivre la même histoire. Parce que le travail ne se fait pas seul, ils ont besoin de s’entendre sur des principes communs de travail. Ces principes naissent après un temps d’échanges sur le travail à faire et sur comment le faire.
Un ensemble de règles et d’obligations vont se mettre en place entre eux. De ce fait, le collectif devient pour les salariés un puissant moyen d’intégration et de développement dans l’entreprise. Il leur permet de se fabriquer des repères, une place et une identité au sein de l’organisation.
On le sait, au travail, le temps est compté et les espaces d’échanges ont tendance à se réduire. Aujourd’hui, nous assistons heureusement à la redécouverte de ces collectifs de travail, comme un lieu de dialogue social et un facteur de santé non négligeable.
Le collectif de travail, un garant de la santé
Les risques psychosociaux font beaucoup parler d’eux, à tel point que des obligations de prévention sont apparues pour les entreprises, il y a quelque années.
Dans beaucoup de cas, le collectif de travail a cet intérêt majeur : celui d’associer les capacités de création de chacun en matière de prévention des risques. Souvent cette prévention se traduit par des gestes inestimables pour tout salarié. C’est aussi dans les situations où le travail est difficile, que s’instaurent, grâce au collectif, des stratégies de protection de la santé des salariés. Ces stratégies offrent la possibilité de se confier à ses pairs et de faire face à la maladie.
Aussi, en tant que communauté de valeurs, le collectif se comporte comme un guide protecteur et donne du sens au travail.
Enfin, le collectif est aussi un organisateur du travail, puisque ce dernier est souvent réorganisé collectivement par celles et ceux qui l’accomplissent. Il convient au manager de mettre en place des repères grâce à une formation management de projet pour embarquer tout un chacun dans la vague du travail collectif afin que personne ne se sente isolé.
Le collectif de travail, source d’efficacité
Le collectif de travail est générateur de nouveaux comportements entre les salariés. A travers lui, ils s’emparent de l’organisation même de leur travail jusqu’à se répartir les tâches d’une manière plus « juste ».
On assiste par conséquent à la naissance d’un savoir faire spécifique et d’un véritable répertoire de compétences « prêt à l’emploi ». Il s’agit là d’un héritage sous forme de « prescrit » non écrit, mais disponible à tous les salariés et notamment aux nouveaux qui pourront, grâce à lui, faire face aux difficultés rencontrées et répondre intelligemment aux imprévus.
D’ailleurs, dans les entreprises où l’on demande aux individus de faire preuve de plus en plus d’autonomie, le collectif de travail fait émerger un nouveau genre de salariés. Des salariés responsables et capables dans certaines circonstances de prise de décisions et de résolutions de problème. Un bénéfice énorme pour booster la motivation et l’estime de soi du salarié !
Le collectif de travail contribue au processus de reconnaissance
Tout travail mérite salaire ! Certes, mais le salaire seul ne suffit pas pour maintenir durablement la motivation du salarié et donner du sens à ce qu’il fait. C’est au sein du collectif de travail que le salarié ressent et reçoit la reconnaissance de son investissement au travail. Et c’est également à travers le regard de ses collègues et de ses pairs, qu’il parvient à mesurer la qualité, l’efficacité et l’utilité de son travail dans un cadre social.
Le collectif de travail semble, à la lumière de ce qui précède, être la meilleure structure qui utilise brillamment l’intelligence collective des hommes. Il exploite avec bienveillance le meilleur des capacités de chacun dans un cadre référencé, sécurisé, productif et adéquat, pour répondre aux exigences de l’entreprise et aux attentes des salariés.
Cependant, la réalité du terrain démontre plutôt une méfiance vis-à-vis de cette structure.
Les entreprises face au collectif de travail
L’entreprise devrait donner plus de place et de liberté aux collectifs de travail, parce qu’ils représentent un excellent lieu de parole et d’expression, libèrent les tensions et aident à lutter contre la souffrance au travail sous toutes ses formes.
Je ne citerai que les TMS à titre d’exemple (Troubles musculo-squelettiques) qui sont à l’origine d’une perte d’efficacité pour l’entreprise et engendre beaucoup d’absentéisme…
Il est urgent d’agir :
- En renforçant la dimension collective du travail et son développement sous toutes les formes possibles.
- En prenant soin d’identifier à temps les situations de travail fragilisées par l’absence d’un collectif.
- En accordant du temps dédié à l’apprentissage des règles collectives, des savoir-faire de prudence et de protection.
- En vérifiant attentivement la cohérence des consignes de travail avec l’activité des opérateurs.
- Et pour finir en développant l’information et en élargissant le débat autour de la santé au travail, afin de rompre l’isolement du salarié.