Tata communications a demandé à une centaine de dirigeants dans le monde comment l’intelligence artificielle allait changer la vie de leur entreprise. Une majorité pense que des postes vont disparaître, mais encore plus estiment que d’autres vont apparaître.
Après la « singularité » qui faisait peur à tout le monde, notion désignant le moment hypothétique où la machine sera plus puissante que l’homme dans tous les domaines, voici venue la « multiplicité », pendant plus sympathique de l’intelligence artificielle (IA).
Dans un rapport publié début septembre, Tata communications (appartenant au groupe indien du même nom), qui a interrogé 120 clients et partenaires dans le monde, cherche à mettre en avant cet aspect : « La multiplicité est une alternative réaliste et inclusive à la singularité. »
Le terme désigne le fait, pour un groupe de machines et d’humains de collaborer pour résoudre des problèmes. Mais pas de quoi attendre des lendemains qui chantent non plus ; l’enjeu pour les cinq prochaines années est de former les employés, selon 71 % des personnes interrogées, des dirigeants d’entreprises principalement.
« La question la plus importante à laquelle nous faisons face n’est pas ‘quand les machines vont-elles surpasser l’intelligence humaine ?’ mais plutôt ‘Comment les humains peuvent-ils travailler avec les machines d’une nouvelle manière ?’ »
Une structure du travail transformée
Car 57 % des répondants pensent que l’IA va remplacer des emplois existant, mais 77 % estiment qu’elle va en créer de nouveaux. Ils s’attendent aussi une profonde transformation de la structure même du travail : « Dans le futur, les candidats pourront être embauchés pour plusieurs rôles à la fois […]
Les talents seront non-linéaires – moins liés aux compétences et plus en rapport avec la façon de pensée. Un service des ressources humaines ne composera plus des équipes selon des check-list mais sur une matrice plus profonde d’intérêts, de bagage intellectuel, d’expériences passées et de point de vue culturel. »
L’espoir que les auteurs de cette étude perçoivent dans l’IA est qu’elle puisse encourager la diversité au travail et ainsi de nouvelles idées et des projets transversaux. Les humains n’étant plus contraints par des tâches rébarbatives, ils pourront se concentrer sur des sujets qui demandent des qualités propres à notre espèce comme la « créativité, curiosité, imagination ».
Ce rapport intitulé « Cognitive Diversity : AI & The Future of Work » souffre toutefois d’un défaut : il repose principalement sur des déclarations de dirigeants et assez peu sur un retour d’expérience ou sur des données empiriques. Il manque de robustesse scientifique pour ses prévisions, mais informe quand même du ressenti de ceux qui sont ou seront amenés à prendre des décisions pour l’implémentation de l’IA.
Ses conclusions vont dans le sens d’autres études comme celle du Boston Consulting Group et de Malakoff Médéric publiée en mars, « Intelligence artificielle et capital humain ». Cette dernière prévoyait que la formation et l’agilité seraient des éléments clef pour garantir aux employés de ne pas voir leur poste menacé et aux entreprises de ne pas rater les bénéfices de l’IA.
Rémy Demichelis