Développer ses compétences avec le CPF
Formation professionnelle

Compte personnel de formation : un outil stratégique

Développer ses compétences avec le CPF

Deux ans après sa création, le dispositif reste méconnu. Mais les cadres l’apprécient de plus en plus.

C’est un signe qui ne trompe pas. Selon une étude de la Dares parue en janvier 2018, les cadres, ingénieurs et professions intellectuelles supérieures représentent 30 % des salariés bénéficiaires du CPF ! Encore  méconnu et peu répandu , ce dispositif permet à toute personne active, dès son entrée dans la vie professionnelle, d’acquérir des droits à la formation qu’elle pourra mobiliser à tout moment.

« C’est un levier parmi d’autres – validation des acquis de l’expérience ou plan de formation de l’entreprise – à disposition des cadres qui souhaitent se former », explique Giovanni Terrana, juriste spécialiste en droit social au sein du cabinet d’audit, d’expertise comptable et de conseil RSM. Tour d’horizon de ce qu’il faut savoir pour en tirer le meilleur.

Peut-on intégralement financer sa formation à l’aide du CPF ?

OUI. Les heures cumulées sur le compte – jusqu’à 150, y compris les anciennes heures de DIF non utilisées – constituent un financement, abondé chaque année. « Mais le montant des heures créditées n’est pas toujours suffisant pour la formation choisie », prévient Giovanni Terrana.

Selon la Dares, 37 % des salariés bénéficiaires du CPF ont sollicité un financement complémentaire en 2016, quand 63 % n’en ont pas eu besoin. Et plus de 3 % des salariés ont contribué personnellement au financement de leur formation, une fois déduite la part des heures du CPF.

Pour engager une demande de financement, il faut activer son espace personnel sécurisé sur le site  moncompteformation.gouv.fr , puis créer et remplir un dossier de formation. « Le compte d’engagement citoyen (CEC) permet d’acquérir jusqu’à 20 heures de CPF, signale Giovanni Terrana. Un cadre qui a été maître d’apprentissage, par exemple, pourra cumuler ainsi des heures de formation. »

Toutes les formations sont-elles accessibles via le CPF ?

NON, PAS ENCORE. La formation choisie doit figurer sur la liste du menu déroulant, personnalisée en fonction du domaine d’activité de l’entreprise et de la région de résidence. Difficile pour un informaticien d’obtenir un stage de photo ! Pour l’instant, car la prochaine réforme de la formation professionnelle devrait fusionner le congé individuel de formation et le CPF ; ce qui permettrait d’élargir considérablement la palette de formations proposées.

« Pour l’heure, il faut rester dans le répertoire des métiers de son secteur, prévient Giovanni Terrana. Les organismes financeurs des branches ont déterminé les formations éligibles à l’aune du marché de l’emploi. » Les salariés choisissent le plus souvent des formations en langue (42,6 %) – toujours des préparations au Toeic ou au Bulats. Au palmarès des formations de niveau bac + 5 à succès, celle d’entrepreneur dirigeant occupe la première place. Les ingénieurs et cadres apprécient aussi la formation de manager de projet (11,2 %).

« Je conseillerais aux cadres d’utiliser leur CPF pour développer les ‘soft skills’, précise Jules Robert-Le Hérissé, responsable formation du groupe Unibail-Rodamco. C’est un contexte idéal pour progresser dans la prise de parole en public, par exemple, avec laquelle on peut ne pas se sentir très à l’aise lors d’une formation en interne. »

Est-on tenu d’informer son employeur ?

NON. Contrairement au DIF (droit individuel à la formation), qu’il remplace, le recours au CPF  n’exige pas l’accord de l’employeur . « Le collaborateur a toute autonomie pour faire son choix », appuie Giovanni Terrana. Une exception : si la formation se déroule sur le temps de travail.

« Il faut alors être habile en montrant à son employeur que la formation présente un intérêt pour l’entreprise », conseille le juriste. Absence d’obligation ne signifie pas secret à tout prix ! « L’entretien professionnel, tous les deux ans, est un bon moment pour faire le point sur les perspectives d’évolution professionnelle et les besoins de formation du collaborateur », rappelle Giovanni Terrana. Les choix de formation des collaborateurs intéressent toujours l’employeur, rappelle Jules Robert-Le Hérissé.

« Nous aimerions connaître l’effort d’apprentissage de la personne. Cela nous permettrait d’établir un baromètre des besoins de formation de nos collaborateurs, voire de les ajouter à notre catalogue de formations internes. »

Est-il intéressant de faire appel à un conseil en évolution professionnelle ?

PARFOIS. La loi de sécurisation de l’emploi de 2013 prévoit l’assistance de conseillers en évolution professionnelle (CEP) pour aider les actifs dans leurs choix de formation. Un service gratuit lui aussi trop peu connu…

Lorsque les heures cumulées sont insuffisantes pour financer la totalité de la formation, le CEP peut accompagner dans la recherche de compléments. Plus d’informations sur  mon-cep.org

Le CPF garantit-il la qualité de la formation ?

OUI et NON. Mieux vaut ne pas se tromper d’organisme de formation pour espérer voir aboutir sa demande ! L’Opca, chargé de valider et de financer les projets de formation, regarde de très près devis et programmes.

Depuis un an, le site internet  Datadock recense les organismes de formation référencés par les financeurs. « Datadock peut être considéré comme un label de qualité, estime Giovanni Terrana. Pour autant, le cahier des charges reste très formel et ne prend pas en compte, par exemple, l’expérience du formateur. »

Géraldine D’Auvergne

 

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