Depuis la mise en place du CPF en 2015, le salarié a le droit d’entreprendre une formation professionnelle sans l’accord de son employeur. Se lancer dans un tel projet implique cependant plusieurs choses, pour ne citer que le financement si les crédits sont insuffisants, les horaires de formation et sans oublier l’intérêt de l’employeur. Ce dernier peut en effet se montrer réticent si la formation CPF est de longue durée et nécessite l’absence du travailleur.
Que la formation se déroule en dehors ou sur le temps de travail, il reste judicieux de toujours en parler avec son supérieur. L’employeur est le mieux placé pour aider le travailleur dans le choix de sa formation. De plus, il sera plus facile de lui demander un abondement au cas où les droits au CPF ne sont pas suffisants. D’après une enquête réalisée sur un échantillon de 1503 actifs, près de 55 % d’entre eux préfèrent choisir leurs formations seuls. 45 % pensent que l’employeur est le premier acteur dans le choix d’une formation. Les demandeurs d’emploi et les jeunes de 18 à 24 ans choisissent de se tourner vers Pôle Emploi pour s’informer des meilleures formations et des secteurs d’activité qui recrutent. (1)
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1. Faire une demande à son employeur de formation CPF
Il est dans l’obligation du salarié de demander l’autorisation de son supérieur s’il prévoit de suivre une formation sur ses heures de travail. Le timing doit être parfait pour évoquer le sujet à son employeur. La loi du travail prévoit par exemple que tous les ans il y ait un entretien sur l’évolution de carrière, les objectifs et les enjeux de l’année. Les travailleurs pourront profiter de ces réunions pour exposer leurs projets de réorientation ou de reconversion.
L’actif a aussi le choix entre demander un entretien professionnel et faire une demande officielle par lettre manuscrite. Dans tous les cas, il est important de bien se préparer en se renseignant à l’avance sur la formation éligible au CPF et son intérêt pour l’entreprise. Plusieurs points doivent être évoqués dans la lettre ou pendant l’entretien, tels que le projet de formation du salarié, ses motivations, les détails de la formation (durée, lieu, dates, nom de l’organisme de formation), le coût de la formation, les objectifs visés et les avantages pour les deux parties. Il faut joindre à la lettre un certificat d’inscription si le travailleur a besoin de s’absenter quelques jours pour passer un examen d’entrée.
Cette demande qu’elle soit écrite ou de vive voix doit être faite au moins deux mois avant le début des cours, si la durée de l’apprentissage est de moins de six mois. Pour les formations de plus de six mois, il faut faire la demande quatre mois avant. La lettre doit être envoyée en courrier recommandé. L’employeur dispose en principe d’un mois entier pour prendre sa décision.
2. Convaincre son employeur
Pour convaincre son employeur et mettre toutes les chances de son côté, il faut savoir bien négocier. De bons arguments sont surtout essentiels, si l’actif prévoit de demander un abondement complémentaire pour financer sa formation. L’idée est de mettre en avant tous les avantages de l’entreprise et le retour sur investissement pour le dirigeant. Plusieurs heures d’absence d’un salarié sont en effet synonymes de perte pour l’employeur.
Au moment de l’entretien, l’actif sera tenu d’avancer tous les bénéfices que peut apporter une telle formation : évolution de l’entreprise, meilleure compétitivité, performance des employés. D’où l’intérêt de bien se renseigner sur la formation éligible au CPF avant la réunion. Il faut se rappeler aussi que l’employé est le seul à connaître réellement ses besoins dans la réalisation de ses tâches. Il connaît mieux son métier que son chef, et ce dont il a besoin pour être plus productif. Les arguments proposés doivent, par ailleurs, être capables de répondre aux problématiques de l’entreprise.
3. Demander un abondement de CPF à son supérieur
Dans le cas où le coût de la formation est plus élevé que les droits au CPF du salarié, ce dernier a deux solutions : en réglant lui-même la somme manquante ou en faisant une demande d’abondement. Il pourra négocier avec son employeur pour financer son apprentissage auprès d’un organisme de formation.
L’obtention de cette aide s’effectue cependant en quelques étapes importantes. Dans un premier temps, le travailleur doit se connecter sur son compte personnel « Mon Compte Formation ». Il devra par la suite télécharger le dossier de la formation et demander un entretien avec son employeur. Au moment de l’échange, le salarié lui fournira le document afin qu’il puisse mieux s’informer de son projet. Si son supérieur accepte de financer sa formation, l’argent sera versé directement sur son CPF.
4. En cas de refus de l’employeur, on fait comment ?
Plusieurs solutions s’offrent encore aux salariés en cas de refus de leurs employeurs. Ils peuvent entre autres opter pour des cours à distance ou organiser leurs apprentissages en choisissant une formation hybride, plus connue sous le terme blended-learning. Avec cette seconde option, ils pourront assister aux cours en présentiel pendant leurs jours de congé ou le week-end, et suivre des cours en ligne pendant la semaine.
Dans le cas où l’employeur refuse d’octroyer un abondement supplémentaire à sa formation CPF, l’actif pourra se tourner vers les OPCO ou demander un prêt personnel auprès de sa banque. Les opérateurs de compétences (OPCO) ont pour rôles de financer les formations professionnelles en alternance et soutenir la transition professionnelle des employés. Ils assurent des services de proximité avec les petites et moyennes entreprises, dont les effectifs ne dépassent pas 50 salariés.
Les demandeurs d’emploi et les personnes avec un contrat CTP (transition professionnelle), CRP (reclassement professionnel) et CSP (sécurisation professionnelle) peuvent demander une AIF (Aide individuelle à la formation) auprès de Pôle Emploi.
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Découvrez notre série d’article sur le CPF :
CPF #1 : comment ça marche le compte personnel de formation ?
CPF #2 : Autonomie, simplicité, liberté : Pourquoi utiliser son CPF ?
Références :
(1) Jean-Daniel Lévy, Julien Potéreau et Diane Lamotte. Étude Harris Interactive – Les Français et la formation professionnelle : Quelle image de la formation professionnelle parmi les Français. Février 2022.