De plus en plus associés aux décisions stratégiques de leur entreprise, les professionnels du droit d’entreprise continuent, dans un monde en mutation constante, de faire face à un environnement législatif et réglementaire instable.
La nouvelle enquête « Chief legal officier survey 2018 » publiée par l’Association mondiale des juristes d’entreprise (ACC) met en avant le rôle de plus en plus prépondérant des juristes dans l’entreprise : 64 % des 1.300 directeurs juridiques interrogés relèvent directement de la direction générale.
61 % d’entre eux déclarent, en outre, travailler avec le comité exécutif et le conseil d’administration sur la stratégie, les risques juridiques et les risques réglementaires d’opérations clefs pour leur entreprise. D’ailleurs, six directeurs juridiques sur dix exerçant dans les secteurs de l’énergie, de l’industrie et de la santé s’attendent à des activités de fusions-acquisitions ou M&A en 2018.
Une prévision partagée par près de la moitié des juristes de l’énergie, de la finance, de l’assurance, des nouvelles technologies et de l’industrie pharmaceutique. Rien d’étonnant à ces chiffres puisque les opérations de M&A ont bondi de 50 % en 2017 pour atteindre 245,8 milliards de dollars (205 milliards d’euros) – un chiffre mondial record depuis 10 ans – et que 2018 s’annonce dans la même tendance.
Hausse des recrutements, notamment en contentieux
Ce lien direct avec la direction générale a une autre conséquence : celle de pouvoir négocier le budget et recruter plus facilement. Ainsi, 56 % des directeurs juridiques interrogés s’attendent à une augmentation du budget global de leur département, en raison notamment d’un retour de la croissance économique.
Cette hausse budgétaire – treize points de plus qu’en 2016 – permettra aussi de concrétiser le souhait des directeurs juridiques de recruter. 28 % d’entre eux prévoient d’embaucher, dans le domaine du contentieux notamment, au cours de l’année. Les juristes pourront ainsi faire face à l’accroissement des normes nationales et internationales, préoccupation principale de 74 % des sondés.
Cependant, ce renforcement des équipes en interne ne devrait pas avoir de réel impact sur les relations avec les cabinets d’avocats. La quantité de dossiers transmis à ces professionnels par les directions juridiques restera stable, selon 47 % des professionnels interrogés.
Priorité à la cybersécurité et à la gouvernance des données
Dans un contexte où près d’un tiers des directeurs juridiques interrogés indiquent que leur entreprise a subi une violation de données en 2016 ou en 2017, la cybersécurité (70 %), la gouvernance et la protection des données (68 %) apparaissent comme des défis majeurs pour 2018.
34 % des professionnels les considèrent même comme extrêmement importants, soit douze points de plus que l’année dernière. En revanche, seuls 56 % des sondés font de la conformité ou « compliance » et de la lutte anti-corruption une priorité. Le risque financier et judiciaire pour les entreprises n’a pourtant rien d’anodin.
Ce pourcentage s’explique peut-être par le fait que, dans la plupart des entreprises du Cac 40, ces questions sont sous la responsabilité du directeur de la conformité et non du directeur juridique ou du « group general counsel ».
Delphine Iweins