En France depuis le 1er janvier 2017, la loi impose aux entreprises de plus de 50 salariés de s’assurer que l’utilisation des outils numériques ne porte pas atteinte à la santé des salariés en dehors du temps de travail. Selon une étude IFOP de 2016, 80% des cadres Français se connectent sur leur temps personnel pour s’assurer qu’il n’y a pas de problème en leur absence et 63% le font pour éviter d’être débordés à leur retour. Qu’est-ce que le droit à la déconnexion ? Quelles sont les méthodes et outils pour prévenir les risques liés à l’hyper connectivité ?
3 questions à Marie BENOIT BEAUPERE, psychologue du travail.
Qu’est-ce que l’hyper connectivité ? Quels en sont les risques pour la santé des salariés ?
On parle d’hyper connectivité ou de sur connexion lorsque le fait de se déconnecter des outils numériques est vécu comme inimaginable par le salarié en raison du brouillage des frontières spatiales et temporelles entre travail et hors-travail. Les neurosciences interrogent de plus en plus l’omniprésence des écrans dans tous les espaces de la vie et l’addiction qu’’ils suscitent chez les adultes comme chez les plus jeunes. Chez les salariés, la surcharge informative peut entraîner des risques sur la santé : stress accru, troubles de la mémoire, burn-out…
Quelles sont les obligations des entreprises vis-à-vis du droit à la déconnexion ? Comment les acteurs de la SST peuvent-ils agir pour prévenir les risques liés à l’hyper connectivité ?
L’objectif du droit à la déconnexion instauré par la loi du 8 août 2016 est de permettre aux salariés de concilier vie personnelle et vie professionnelle tout en luttant contre les risques de burn-out. Depuis le 1er janvier 2017, le droit à la déconnexion fait partie des sujets à aborder lors de la NAO (Négociation Annuelle Obligatoire) sur la qualité de vie au travail.
La loi ne prévoyant pas une définition claire et précise du droit à la déconnexion, les acteurs de la SST doivent faire vivre le débat en interne à tous les niveaux de l’entreprise afin d’aboutir à un accord d’entreprise ou à une charte. Pour accompagner au mieux les salariés en matière de santé au travail, ils peuvent aussi proposer une formation sur les bons usages du numérique et les risques de la sur connexion.
D’un point de vue pédagogique, comment abordez-vous la formation « Droit à la déconnexion et santé au travail » ?
Cette formation permet de définir le droit à la déconnexion imposé par la Loi Travail et de comprendre les enjeux liés à la diffusion du numérique en entreprise. L’objectif est de pouvoir alerter et prévenir les risques de la sur connexion en mettant en place notamment une démarche de prévention globale et un suivi adapté à l’organisation du travail dans chaque structure.