L’intrapreneuriat est un concept qui permet au salarié d’entreprendre tout en restant intégré aux effectifs de sa société. Les avantages sont nombreux, pour le porteur de projet comme pour l’entreprise. Et de nombreux grands groupes se saisissent du dispositif. Julien Villalongue, directeur de Leonard, la plate-forme d’innovation et de prospective de VINCI nous apporte son éclairage sur la question.
Qu’est-ce que le programme Leonard ?
Julien Villalongue : Leonard est un programme d’innovation et de prospective, qui prend de nombreuses formes, dont un dispositif d’intrapreneuriat dédié aux salariés VINCI depuis 2017. Nous avons lancé Leonard, car, dans nos secteurs d’activité, il est indispensable de privilégier l’innovation ouverte et agile. Il nous a semblé évident de proposer également ce type de fonctionnement à nos collaborateurs.
À qui s’adresse l’intrapreneuriat ?
J. V. : Le programme est ouvert à tous les collaborateurs, quels que soit leur métier, leur appartenance géographique ou leur positionnement hiérarchique. Les participants ont en général au moins 5 ans d’expertise sur leur secteur d’activité et au sein de VINCI. Cela est assez logique, car il s’agit souvent d’ingénieurs, d’experts, dans des domaines très techniques.
Quels types de projets émergent ?
J. V. : Principalement des sujets autour des problématiques environnementales. Pour pouvoir être sélectionnés par Leonard, les projets doivent à minima être neutres sur le plan environnemental. Le jury tend également à privilégier ce genre de sujets. Cela vient aussi du fort intérêt des salariés pour ces questions.
Qu’apporte Leonard aux salariés ?
J. V. : L’intrapreneuriat est une manière de permettre aux salariés qui ont une volonté de création et d’innovation de s’exprimer. C’est aussi un moyen d’action au service des collaborateurs qui ont une vision forte quant à la nécessité de porter de nouvelles solutions pour répondre aux enjeux environnementaux ou à d’autres thématiques qui leur tiennent à cœur. L’intrapreneuriat est aussi d’une certaine sorte un accélérateur de carrière. Même les projets qui n’aboutissent pas à la création d’une nouvelle entité sont souvent intégrés dans les feuilles de route d’innovation, sous la direction de ceux qui en sont à l’initiative.
C’est aussi un objectif de formation ?
J. V. : Pour le salarié, l’avantage, en termes de formation, est évident. Les porteurs de projets doivent apprendre à faire preuve d’innovation et à aller sur de nouveaux terrains. Nous avons également adossé notre programme à une formation sur l’innovation et sur l’entrepreneuriat certifiante.
Quel est l’intérêt pour l’entreprise ?
J. V. : L’intérêt est d’abord managérial : l’intrapreneuriat est un outil pour valoriser les collaborateurs qui font preuve d’innovation et d’une volonté d’entreprendre. C’est aussi un facteur d’attractivité, pour les nouvelles recrues, et de fidélisation des salariés qui appréhendent ainsi différemment leur métier et qui sont mieux en phase avec leurs aspirations. Il y a aussi un intérêt business : les intrapreneurs créent de nouvelles entités au sein du groupe, ce qui valorise VINCI dans son ensemble.
Quel bilan tirez-vous de Leonard ?
J. V. : Au niveau d’un groupe de 220 000 collaborateurs, les quelques projets accompagnés peuvent paraitre de petite ampleur, mais nous croyons en leur capacité de foisonnement et sur leur impact en termes d’engagement collectif. Nous avons aussi quelques exemples de très belles réussites. On a notamment accompagné un directeur financier qui a lancé une entreprise proposant une solution digitale pour faciliter la gestion des déchets industriels et de chantiers. Cette société, qui est devenue Waste Marketplace, connait un succès justifié quand on sait que le secteur du bâtiment est la première source de déchets à l’échelle mondiale.
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