Se ménager des moments informels, se parler en tête-à-tête des sujets sensibles, comprendre et ressentir la personnalité de l’autre, tout cela est absolument indispensable.
Le dernier G7 a réuni beaucoup plus de chefs d’État que ceux des sept pays qui le constituent. On y a même vu Volodymyr Zelensky, le président ukrainien.
Ses conclusions étaient rédigées avant même le début de la rencontre. On peut s’interroger sur l’utilité de se rendre au bout du monde pour un sommet qui a tout prévu par avance… En réalité, l’essentiel d’une telle occasion est de permettre aux dirigeants de se voir et de se parler, en somme de construire ou consolider une relation.
Les chefs d’Etat l’ont compris : une relation passe par ce contact direct qu’aucun instrument digital ne remplace. Se ménager des moments informels, se parler en tête-à-tête des sujets sensibles, comprendre et ressentir la personnalité de l’autre, tout cela leur est absolument indispensable.
Éviter le dialogue de sourds
En entreprise, l’importance de la qualité relationnelle est sous-estimée. On y oublie souvent qu’une relation est le « tuyau » à travers lequel passe le contenu de l’échange. Et que dès que la relation se dégrade un tant soit peu, le tuyau se rétrécit.
Dès lors, tout discours – quel qu’il soit – est déformé ou non écouté. En pratique, cela débouche sur une forme de dialogue de sourds. On se parle mais c’est comme si on n’échangeait pas.
La mécanique de dégradation relationnelle entre vite en action. D’abord sous le flot de tensions jusqu’à ce que survienne un désaccord sur un sujet donné. Désaccord pas totalement mis à plat qui comporte des suspicions d’agenda caché.
La charge émotionnelle est alors souvent plus importante que ce que montrent et expriment les acteurs.
Interroger les émotions
Dès lors les émotions négatives se transforment en filtre et conduisent à interpréter le comportement de l’interlocuteur : « en fait, je le ou la connais, si cette personne dit cela… » Tout ce qui est fait ou dit est alors lu à l’aune de ce prisme et donc vient renforcer la charge négative, qui produit des effets en miroir.
Le « tuyau » de la relation est parsemé d’émotions. D’ailleurs, une bonne façon de mesurer la qualité relationnelle que l’on entretient avec un collègue, est d’interroger ses émotions : elles donnent d’emblée la couleur de la relation.
Le socle de toute collaboration repose sur la qualité relationnelle entre les acteurs. Et cette dernière se cultive.
Les dirigeants, qui exhortent leurs équipes à davantage collaborer, doivent bien comprendre qu’une bonne qualité relationnelle suppose également de développer la capacité des équipes à gérer les désaccords et à faire du feedback (des retours d’appréciation, NDLR). Favoriser l’évaluation mutuelle permet aussi de savoir si chacun joue le jeu.
Par Eric Albert (associé gérant d’Uside)