Travailler moins, mieux, tout en gagnant aussi bien sa vie. En Islande, la plus vaste étude menée sur le sujet montre que passer d’une semaine de travail de 40 à 35 heures n’altère pas la productivité, bien au contraire. Cela suscite le débat chez les pays voisins, et jusqu’en Grande-Bretagne.
Travailler moins, pour gagner tout autant. Alors qu’entreprises comme salariés s’emparent de la question du télétravail depuis la pandémie de Covid-19 , d’autres initiatives voient le jour dans le but d’arriver à un équilibre plus serein entre vie privée et vie professionnelle. Selon le magazine « Forbes », au sujet d’une étude sur la réduction du temps de travail en Islande, « nous savons désormais qu’il n’est pas nécessaire d’être coincé dans un bureau par jour huit heures par jour, cinq jours par semaine ».
Le média américain raconte ainsi que de ce côté de l’Atlantique, l’idée d’une semaine de travail sur quatre jours commence à gagner du terrain, tout comme d’autres modèles hybrides, parmi lesquels le télétravail deux ou trois jours par semaine. Des horaires de travail décalés et des journées de travail raccourcies sont aussi en phases de tests.
Pas de baisse de salaires
En Islande, les think tanks Autonomy et l’Association for Sustainability and Democracy (Association pour la durabilité et la démocratie) ont démontré que réduire le nombre d’heures travaillées ne rimait pas forcément avec perte de productivité et déclin en termes de services. Au contraire, les salariés se disent moins stressés et font état d’un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Selon cette étude, le fait de raccourcir la journée de travail a permis de remettre à plat la façon dont certaines tâches sont exécutées. Par exemple : raccourcir les réunions, ou mieux, les remplacer par des e-mails, supprimer les tâches inutiles et réorganiser le temps de travail.
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Ces travaux, menés de 2015 à 2019, ont fait passer le temps de travail hebdomadaire de 40 à environ 35 heures dans le secteur public, sans aucun effet sur la fiche de paie. Impliquant environ 2.500 travailleurs représentant un panel de différents métiers, soit plus de 1 % de la population active du pays, les sondés ont fait remonter que leur « bien-être avait considérablement augmenté ». Cette étude a permis à près de 90 % de la population active islandaise de réduire son temps hebdomadaire de travail, ou de pouvoir le négocier auprès de son entreprise.
Royaume-Uni et Espagne séduits
« Ces résultats prouvent que cette étude, la plus grande jamais réalisée dans le monde, a été à tous égards un succès retentissant. Cela montre que le secteur public est prêt pour être un pionnier dans la semaine de travail de quatre jours – et que des leçons peuvent être tirées pour d’autres gouvernements », a déclaré Will Stronge, directeur de recherche chez Autonomy, cité par le magazine.
Le télétravail porte l’espoir de nouveaux gains de productivité
L’Islande, à l’image d’autres pays nordiques comme la Suède, la Norvège , le Danemark et la Finlande, offre une large protection sociale à ses ressortissants. Le pays peut se targuer d’un système de santé solide, d’une égalité salariale entre femmes et hommes et de congés parentaux rémunérés pour les deux parents, rappelle « Forbes ». En Finlande, la Première ministre, Sanna Marin, a suggéré qu’une semaine de travail de quatre jours méritait d’être étudiée, même si son gouvernement ne travaille pas actuellement sur la question.
Le concept d’une semaine de travail de quatre jours a aussi gagné un certain soutien au Royaume-Uni . Une quarantaine de députés ont demandé qu’une commission examine la possibilité de faire quelque chose de similaire au projet islandais. L’Espagne a déjà annoncé qu’elle expérimenterait la semaine de travail de quatre jours. Pendant trois ans, les entreprises volontaires pourront tester une semaine de travail de 32 heures, sans répercussion sur la rémunération des salariés – clé de voûte de ces différents projets.
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Par Neïla Beyler