Les ressources humaines disposent de moyens efficaces pour limiter les conséquences coûteuses des arrêts de travail.
Près de quatre salariés français sur dix ont connu au moins un arrêt de travail en 2017, indique la quatrième enquête annuelle de BVA-Réhalto sur les arrêts de travail, menée auprès de salariés et DRH en France. Un léger recul par rapport au pic de 2016 et par rapport à la tendance des trois dernières années.
Le taux d’absentéisme est particulièrement élevé chez les salariés de 40 à 49 ans et chez ceux dont le temps de transport excède une heure pour se rendre sur le lieu de travail.
Un impact négatif pour l’entreprise
Or, signale la même enquête, les DRH estiment, à 79 %, que les arrêts de travail ont un impact négatif sur l’organisation de l’entreprise, et à 59 % sur sa performance. En revanche, les deux tiers d’entre eux n’ont aucune idée de leur coût pour l’entreprise.
L’arrêt posé est d’une durée égale ou inférieure à une semaine dans 62 % des cas. « Notre enquête ne confirme pas la croyance répandue d’une fraude généralisée aux arrêts de travail de complaisance, souligne Christian Mainguy, président de Réhalto, société spécialisée dans la prévention des risques psychosociaux et l’accompagnement au retour à la santé et à la vie active.
Au contraire, 43 % des salariés qui devraient poser un arrêt de travail ne le font pas. » Confrontés à la nécessité de s’arrêter, 34 % des salariés préfèrent continuer de se rendre sur leur lieu de travail et 9 % se contentent d’un congé payé ou d’une RTT. Ils ne veulent pas voir baisser leurs revenus, jugent leur charge de travail trop importante pour pouvoir s’absenter, craignent d’être mal perçus par leurs collègues.
Bien entendu, repousser un arrêt de travail qui s’impose ne fait bien souvent que reculer l’échéance et aggraver la situation.
Burn-out pour 6 % des salariés
L’étude fait, cette année, un focus sur la récurrence du burn-out : 6 % des salariés auraient été arrêtés en 2017 en raison d’un syndrome d’épuisement professionnel. Les femmes se révèlent deux fois plus exposées que les hommes. Le risque est accru également chez les aidants, surtout lorsque la personne à charge n’habite pas sous le même toit. Enfin, quand le ressenti du climat social est mauvais, le risque de burn-out est quatre fois plus élevé.
« Parmi les facteurs qui expliquent l’absentéisme, le climat social ressort comme un déterminant essentiel », souligne Christian Mainguy. La cause de leur arrêt de travail est due aux tensions relatives à l’organisation du travail, estiment 15 % des salariés, et pour 10 % d’entre eux, elle tient aux difficultés liées aux pratiques managériales de l’entreprise.
Or il existe un écart de perception important entre les salariés et les DRH, lesquels évaluent cette même proportion à seulement 9 % en 2017.
QVT, respect de la réglementation et télétravail
Toutefois, les ressources humaines ne sont pas démunies pour mieux maîtriser l’absentéisme, assurent les auteurs de l’étude. « A peine un tiers des entreprises a mis en place un plan de QVT [qualité de vie au travail, NDLR].
Même les mesures réglementaires ne sont pas systématiquement appliquées : le document unique d’évaluation des risques professionnels, pourtant obligatoire, n’existe que dans 76 % des entreprises », rappelle Christian Mainguy. Mais parmi les leviers qui permettraient de prévenir l’absentéisme, le télétravail a une influence évidente.
« Plus la part de télétravail est élevée, plus le taux d’absentéisme est faible. Et ce d’autant plus lorsque les modalités permettent au salarié de le pratiquer occasionnellement, en posant un jour de son choix. Seules 16 % des entreprises ont mis en place un accord de télétravail à ce jour : il existe encore une forte marge de progression. »
Géraldine d’Auvergne