On confond souvent à tort introversion et timidité. 30 à 50% de la population serait de nature introvertie. Une personne introvertie a besoin – plus que d’autres – de calme et de solitude pour se ressourcer et recharger ses batteries. Elle tire son énergie à l’intérieur d’elle-même.
Les introvertis et les extravertis ont parfois du mal à se comprendre en raison de leurs différences de mode de fonctionnement.
Dans le monde de l’entreprise, il y a eu une tendance à la survalorisation des profils extravertis. Ce n’est plus forcément le cas aujourd’hui, on redécouvre tous les atouts des profils introvertis pour y jouer un rôle majeur.
Comment tirer son épingle du jeu quand on est introverti ?
Eléments de réponse avec Magali Combal, Coach et Formatrice en développement personnel pour Comundi.
Comment expliquez-vous que les profils introvertis n’aient pas bénéficié d’une bonne image auprès des recruteurs jusqu’à récemment ?
Une tendance générale de notre société à valoriser l’extraversion, l’affirmation et la révélation de soi a entraîné ce cliché navrant :
- « Extraverti = bien dans sa peau, Introverti = mal dans sa peau ».
A cela s’ajoute la croyance – parfois vraie, parfois fausse – que l’extraverti sera davantage prompt à l’action et davantage réactif. Prend-il les bonnes décisions pour autant ?
Les recruteurs ont la tâche très délicate de se faire une idée des capacités d’un candidat dans une brève fenêtre de temps. Si le candidat s’exprime et se montre, c’est certainement plus facile.
Face à un candidat réservé, le recrutement, pour lever les doutes, devra être plus approfondi, plus exigeant, et peut-être plus long.
Et puis la mode du décodage hâtif des personnalités par le langage non verbal dévalorise le plus souvent les profils introvertis : Malheur au candidat qui croise les bras ! Il sera suspecté d’être introverti (quelle horreur !) fragile, mal dans sa peau ! Vraiment ? Croiser les bras est à la base un geste naturel de concentration, d’attention. D’ailleurs, les introvertis croisent-ils plus les bras que les autres ?
Tout le monde a à perdre dans ces simplifications : le recruteur qui passe à côté de candidats de valeurs, et le candidat qui s’épuise à paraître quelqu’un d’autre que lui-même.
Quels sont les atouts sur lesquels les introvertis peuvent s’appuyer pour faire la différence dans le monde du travail ?
Avant de répondre à votre question, j’aimerais préciser ceci : nous parlons d’introvertis et d’extravertis comme s’il s’agissait d’une typologie radicale. Mais ce sont des modalités d’être que nous avons tous, et nous manifestons l’une ou l’autre selon les moments.
Bien sûr, chacun présente une dominante, et vous l’avez très bien dit en introduction : ceux et celles qui tirent davantage leur énergie de l’intérieur d’eux-mêmes ont une tendance plus marquée à l’introversion. Pour simplifier on les appelle les introvertis.
Dans le monde du travail, les introvertis bénéficient de leur puissance mentale et leur capacité d’observation. L’énergie qui n’est pas investie dans la communication et la mise en scène de soi peut l’être dans un surcroît de réflexion, d’analyse, de conception de solutions et d’alternatives. Ils ont du « temps de cerveau disponible » pour écouter, décider, et élaborer des réponses mûries. Fréquemment, leur don pour la solitude est une ressource puissante : elle leur donne de l’autonomie et décuple leur capacité de travail.
Investies dans des missions adaptées, ces capacités sont précieuses, parfois même décisives : dans la culture de l’excellence, les équipes et les managers les reconnaissent et les valorisent.
Quels sont vos conseils de coach pour aider les introvertis à sortir de leur zone de confort ?
Toute qualité ayant son revers de médaille, l’introversion peut isoler une personne, la rendre « invisible » ou inaccessible ou apparemment antipathique. Cela devient alors un obstacle à la dynamique du travail, qui en pâtit. Dans une culture de l’extraversion, le groupe peut se sentir menacé dans sa cohésion, et le faire payer au mouton noir introverti. Et le manager a un problème de management ! A chacun alors de faire des prises de conscience et d’adapter son comportement.
A une personne introvertie en grande souffrance, je conseille de faire un travail thérapeutique.
Pour les autres, je les invite d’abord à reconnaître leurs qualités d’introvertis, à les célébrer. Parce que nous avons le devoir de connaître notre valeur, et parce qu’il est bien plus facile de sortir de sa zone de confort avec une image positive de soi-même.
A partir de cette assise dans leur nature et leurs qualités, je suggère qu’ils expérimentent leurs échanges, quand cela est possible, débarrassés de la culpabilité d’être réservé.
Et pourquoi ne pas inviter l’autre, avec bienveillance et patience, sur leur terrain d’introvertis ?
Dans leur rythme à eux, où le silence crée du lien, la profondeur démultiplie la puissance grâce à la richesse de leurs processus mentaux ? Oui, pourquoi ne serait-ce pas parfois à l’extraverti de faire le chemin ? Il y a bien des occasions où le résultat de l’échange en sortirait gagnant.
Ensuite je leur recommande de considérer les moments « d’extraversion obligée » comme exceptionnels et précis : oui, dans certaines circonstances ils auront tout à gagner à développer cette compétence. Il ne s’agit pas de changer de nature, mais plutôt de muscler une faculté en sommeil chez eux. En mesurant, bien sûr, les bénéfices, la satisfaction et la fierté qu’ils tireront de ces expériences. Et pourquoi pas le plaisir de la découverte ?
Alors comment sortir de sa zone de confort lorsqu’on est introverti ?
- En choisissant précisément les circonstances où ils manifesteront sciemment de l’extraversion
- En les préparant autant que ce sera possible. Dans la vie professionnelle, la spontanéité se prépare !
- En s’entraînant dans des situations sans enjeu, faciles au début, puis en ménageant une progression
- En restant dans un état d’esprit « essais – erreur », c’est-à-dire une posture d’apprentissage, comme on intègre une nouvelle langue vivante.
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