Les jeunes ingénieurs sont-ils satisfaits de leur emploi ? Quelles sont leurs priorités au travail ? Ont-ils envie de devenir manager ? Autant de questions auxquelles répondent deux études, dévoilées en exclusivité par « Les Echos » ce vendredi.
AgroParisTech, Mines Paris, Polytechnique… En 2022, des étudiants de ces prestigieuses écoles prenaient la parole lors de leur cérémonie de remise de diplôme pour appeler à une prise de conscience écologique. « N’attendons pas le 12ᵉ rapport du GIEC, qui démontrera que les Etats et les multinationales n’ont jamais rien fait d’autre qu’aggraver les problèmes », lançaient sur scène les jeunes diplômés d’AgroParisTech. Et d’encourager leurs camarades à choisir des métiers vertueux pour la société et l’environnement.
« Ces discours ont parfois laissé croire à un désamour des jeunes diplômés ingénieurs pour l’entreprise », analyse Manuelle Malot, directrice du NewGen Talent Centre. A tort, puisque 90 % des étudiants ingénieurs interrogés en octobre dernier par ce centre d’expertise de l’Edhec ont une vision positive du monde de l’entreprise.
Satisfaits de leur salaire
Un niveau d’adhésion qui a surpris l’experte. « Ils estiment que les entreprises ont davantage de pouvoir que les décideurs politiques pour répondre aux défis auxquels le monde est confronté, constate-t-elle. Mais ils appellent aussi de leurs voeux une transformation des organisations : un management plus horizontal, plus agile et plus flexible, une organisation simplifiée et une meilleure qualité de vie au travail. »
Dans une seconde étude réalisée par ce même centre d’études, auprès de cette fois de jeunes ingénieurs en poste, on constate les mêmes aspirations. Leur objectif premier en tant qu’ingénieur ? « Contribuer utilement à la société » (36 % des répondants), devant « acquérir des compétences et se développer personnellement » (34 %) et « avoir des revenus élevés » (9 %).
« Leur objectif d’avoir des revenus confortables n’arrive pas en haut de la pile car le marché leur est favorable. Ils savent que leur profil est recherché et qu’ils seront de toute façon bien payés », observe Manuelle Malot. Interrogés sur leur situation professionnelle, ces ingénieurs de moins de 30 ans en sont très majoritairement satisfaits. 85 % des répondants estiment que leur emploi actuel ou dernier emploi leur a permis de s’accomplir professionnellement. 75 % disent qu’il leur a permis de s’épanouir personnellement.
« Ceux avec lesquels nous avons échangé nous expriment parfois une seule frustration : plus ils sont accomplis au travail, moins ils ont de temps libre pour eux », note Manuelle Malot.
Manager ne les fait pas rêver
Au travail, ils attendent surtout de leurs managers qu’ils soient transparents et honnêtes, qu’ils leur fassent confiance et leur donnent de l’autonomie. Et manager ne les fait pas rêver.
S’agissant de leur carrière, il leur a été demandé ce qui les motivait le plus entre trois options. Celle qui arrive en tête : développer une expertise (46 % des répondants), suivie d’animer une équipe (sans lien hiérarchique), pour 28 %. En dernier ? Manager une équipe (avec un lien hiérarchique), pour 26 %.
Et Manuelle Malot d’expliquer : « Certains ne veulent pas manager car ils voient que leurs N+1 ont peu de marge de manoeuvre, qu’ils font face à des organisations complexes, verticales dans lesquelles ils passent beaucoup de temps en réunion ou à faire des reportings. » Reste à savoir si les entreprises s’adapteront pour répondre à leurs aspirations, avec un management plus horizontal.
Méthodologie :
Cet article s’appuie sur deux études réalisées par l’Edhec NewGen Talent centre, spécialiste des aspirations, comportements et compétences des jeunes générations. L’une a été menée en avril 2023 auprès de jeunes ingénieurs (moins de six ans d’expérience). A cette occasion, 1.340 ingénieurs ont été interrogés. La seconde a été réalisée en octobre 2024 auprès de 1.202 étudiants en école d’ingénieurs.