Pénurie de talents, inversion du rapport de force entre candidats et recruteurs… le marché du travail a opéré ces dernières années un virage à 180 degrés. Emmanuelle Bellange propose un état des lieux du recrutement dans son secteur : le nucléaire.
Ces trois dernières années, le marché de l’emploi a été fortement impacté par la crise sanitaire marquant un tournant majeur dans notre société, accélérant ainsi la démocratisation du télétravail, la restructuration des organisations sous de nouvelles formes (le télétravail, le flex office, le management hybride…).
Toutes ces transformations ont poussé les entreprises et les collaborateurs à redéfinir leurs ambitions et leurs besoins. Parmi elles, la montée des exigences individuelles en matière de conditions de travail, de souplesse d’organisation et de sens ; les demandes sont renforcées pour un emploi synonyme de réalisation personnelle.
Valeurs personnelles
La quête de sens est devenue un sujet majeur pour un grand nombre de salariés et un enjeu important pour les DRH. La plupart du temps, il s’agit d’adéquations entre valeurs personnelles et professionnelles, équilibre vie pro/perso. Le sens est devenu un marqueur, un enjeu fédérateur auquel les candidats sont sensibles.
En parallèle de tout cela, il y a des concepts qui fleurissent au sein des entreprises et dans les esprits des candidats/salariés, comme : raison d’être, entreprise à mission, QVT (qualité de vie au travail), RSE, marque employeur, qui ont développé des comportements nouveaux de rejet de l’entreprise classique. Il faut être lucide, les nouvelles générations (Y et Z) n’ont plus le même rapport au travail.
Leadership humain
Ces phénomènes majeurs transforment de manière irréversible la fonction RH et les relations sociales en entreprise. Pour répondre à ces changements profonds, la fonction RH n’a plus le choix, plus que jamais, elle doit assumer d’être pleinement une fonction d’avenir et de gouvernance, au sens du leadership humain.
Nous pourrions dire aujourd’hui que le candidat de 2023 choisit l’entreprise dans laquelle il souhaite évoluer et s’épanouir et non l’inverse.
Les sujets de qualité de vie au travail et de RSE font l’actualité alors que les questions d’attractivité et de fidélisation sont le problème majeur des employeurs aujourd’hui. Pénurie de talents, inversion du rapport de force entre candidats et recruteurs… le marché du travail a opéré ces dernières années un virage à 180°. Concrètement, nous pourrions dire aujourd’hui que le candidat de 2023 choisit l’entreprise dans laquelle il souhaite évoluer et s’épanouir et non l’inverse.
Respect et partage
Le constat est sans appel, les entreprises doivent faire face à un défi d’authenticité et de considération porté aux salariés. En cette période, l’expérience candidat ne doit pas être laissée de côté. C’est pourquoi, elles doivent accompagner l’évolution de ses talents, rester fidèle aux valeurs de respect, de partage et de protection des droits de ses collaborateurs.
Dans le secteur du nucléaire en pleine croissance, le marché de l’emploi est particulièrement tendu voir concurrentiel ; si l’on veut que les entreprises soient performantes et répondent aux besoins de la filière, dans le contexte actuel de pénurie de main-d’oeuvre et de compétences, il faut travailler tous et toutes ensemble et non « chasser les talents des autres ». Il faut essayer de réguler l’offre et la demande et s’entraider sur le plan du recrutement et des parcours professionnels.
La marque employeur doit se révéler être un levier puissant pour convaincre et fidéliser ses talents. L’état de crise générale est tel, qu’il faut trouver une solution ensemble.
Par Emmanuel Bellange (Directrice des ressources humaines de l’IRSN)