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Plus de la moitié des jeunes hésitent à révéler leur handicap à un recruteur

Handicap-et-discrimination

EXCLUSIF// Selon une étude de l’Agefiph menée avec l’Ifop, les 18-30 ans en situation de handicap font face à davantage de difficultés pour décrocher leur premier emploi et sont prêts à faire des concessions sur leur rémunération.

Même s’ils le souhaitent, les jeunes en situation de handicap ne se sentent pas suffisamment en confiance. Plus de six sur dix n’indiquent pas leur situation sur leur CV et plus de quatre sur dix refusent d’évoquer leurs besoins spécifiques liés à leur handicap une fois devant les recruteurs.

C’est en tout cas ce que révèle la nouvelle enquête de l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph) avec l’Ifop*, réalisée quelques semaines avant le coup d’envoi de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, placée cette année sous le signe de la jeunesse.

« Beaucoup ont intégré la crainte que le handicap soit un frein lors d’un premier contact. Ces jeunes savent que cela peut être un sujet de discrimination », analyse Véronique Bustreel, directrice de l’innovation à l’Agefiph. L’étude interroge les 18-30 ans et révèle que la moitié d’entre eux s’est déjà sentie discriminée dans la sphère professionnelle.

Faire des concessions

Ils sont 58 % à considérer leur recherche d’emploi comme « compliquée » (contre 31 % pour les jeunes valides) et mettent en moyenne 7,6 mois à décrocher un job, soit presque deux fois plus que les autres (4,2 mois). Ils avancent aussi d’autres critères déterminants, comme la localisation géographique, l’engagement éthique de l’entreprise et l’équilibre entre leur vie privée et professionnelle.

A l’inverse, ils concèdent revoir à la baisse leurs exigences salariales. La rémunération est un critère déterminant pour seulement 42 % des jeunes en situation de handicap, soit douze points de moins que pour les autres. « Ils ont des attentes plus importantes sur leur poste et sont donc prêts à faire des concessions sur le salaire », ajoute François Legrand, chef de groupe au département Opinion et entreprise de l’Ifop.

Des actifs plus satisfaits

Reste que « faire une belle carrière » fait partie des principaux leviers d’une vie dite « réussite » pour cette catégorie, huit points de plus que pour les jeunes valides. Les jeunes actifs en poste sont d’ailleurs souvent plus satisfaits de leur emploi. Et ainsi davantage engagés envers leur entreprise.

L’étude souligne aussi que les jeunes salariés en situation de handicap souffrent de stéréotypes y compris provenant de leur génération. Les 18-30 ans valides pensent en majorité que le handicap est visible (mobilité ou mental) alors que 80 % des handicaps déclarés sont invisibles.

Sortir des stéréotypes

A la question « quelles sont les difficultés que rencontrent les personnes handicapées ? », les personnes valident pointent d’abord les discriminations et les moqueries, quand les jeunes en situation de handicap citent en premier « le manque de reconnaissance », un écart de dix-huit points avec l’autre population.

Lire aussi :Comment et quand révéler son handicap ?

« Il faut sortir des clichés, déstigmatiser, pour mieux prendre en considération le handicap, positiver le sujet et ne plus évoquer la maladie uniquement comme un frein pour l’employeur, plaide Véronique Bustreel. Il faut notamment mieux aménager le temps de travail pour permettre à la diversité de s’exprimer. »

Près d’un million de personnes handicapées travaillent en France selon l’Agefiph. A noter que toute entreprise d’au moins 20 salariés doit employer des personnes en situation de handicap dans une proportion de 6 % de l’effectif total. S’il ne respecte pas cette obligation, il doit verser une contribution annuelle.

* Et avec le FIPHFP, LADAPT, l’UNML, le CNCPH, les associations Droit au savoir et 100 % Handinamique.

Camille Wong