Les indemnités journalières versées par la Sécurité sociale ont encore augmenté de 4,9 % en 2018, à 10,8 milliards d’euros. Une forte hausse imputable à la croissance de la masse salariale et au vieillissement des actifs.
L’année dernière, 10,8 milliards d’euros d’indemnités journalières ont été versés par la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM) à des salariés malades ou en congé maternité. Ce montant marquait une hausse de 4,9 % par rapport à 2017. Soit une progression encore plus forte qu’au cours des deux années précédentes (4,7 % en 2017 et 3,8 % en 2016). Un véritable dérapage, le double de la croissance globale des dépenses d’assurance-maladie pendant la même période.
Comment expliquer une telle envolée ? On a pu croire, au plus fort de la crise financière, voilà dix ans, que la vague retomberait avec la reprise économique. Il n’en a rien été. Le haut niveau d’arrêts maladie (7,4 milliards d’euros en 2017, contre 6 milliards en 2009) semble être devenu structurel.
Accepter de payer plus cher
L’année dernière, la CNAM a tenté une explication , après avoir invité les médecins à modérer leurs prescriptions sans parvenir à infléchir la tendance. L’envolée des dépenses d’indemnités journalières « peut être la conséquence des réformes des retraites », a-t-elle estimé. Plus l’âge de la retraite est tardif, plus les travailleurs ont la santé fragile. La part des plus de 60 ans est passée de 4,6 % des montants indemnisés en 2010 à 7,7 % en 2016. Ces travailleurs seniors s’arrêtent plus longtemps que des juniors en bonne santé : 76 jours en moyenne pour les plus de 60 ans, contre 33 jours pour l’ensemble des salariés.
Au Medef, on a pris acte de cette évolution. Certains estiment qu’il faut accepter de payer plus cher pour les arrêts maladie, si cela permet de retarder l’âge légal de départ à la retraite, et donc de favoriser la compétitivité française et l’équilibre financier des régimes de retraite.
La mission Bérard-Oustric-Seiller, qui a rendu son rapport ce mercredi, explique elle aussi le dérapage des arrêts maladie par le vieillissement des salariés, lié à la fois à l’évolution démographique générale et aux réformes. Elle estime en outre que 50 % à 60 % de l’augmentation des indemnités journalières tiennent à la croissance de la masse salariale du secteur privé, comprise entre 2 % et 4 % par an depuis 2014-2015.
La conjoncture économique joue dans les deux sens . D’un côté, les salariés qui doivent s’accrocher à leur poste en période de licenciements massifs peuvent tirer sur la corde et tomber malades. De l’autre côté, ceux qui retrouvent un emploi grâce à la reprise vont potentiellement grossir les statistiques des arrêts de travail potentiels, alors qu’au chômage, leur maladie serait passée inaperçue.
Cependant, quand l’emploi redécolle, l’envolée des indemnités journalières va de pair avec l’augmentation des cotisations sociales. Un lot de consolation pour la Sécurité sociale.
Solveig Godeluck