Dans une étude publiée ce mercredi, l’Insee dresse le portrait-robot du télétravailleur français.
On l’imagine souvent participant à une réunion en visio en pyjama depuis son canapé ou dans une maison de vacances au bord de la mer… Mais quel est vraiment le profil du télétravailleur français ? Dans une étude publiée mercredi, l’Insee s’est penchée sur la question. En voici les principaux enseignements.
1. Un salarié du privé sur cinq télétravaille
Cinq après la crise du Covid, le télétravail s’est largement généralisé en France. Alors qu’il ne concernait que 4 % des actifs en 2019 – 14 % des cadres et moins de 1 % des employés et ouvriers -, le travail à distance a été pratiqué par 22 % des salariés du privé en 2024. En moyenne, les salariés concernés bénéficient de 1,9 jour de télétravail par semaine.
Alors que, de l’autre côté de l’Atlantique, les conditions de travail se durcissent dans certains secteurs et au sein de l’administration sous la direction d’Elon Musk, en France : « La part des télétravailleurs parmi les salariés est stable depuis début 2022 », pointe l’Insee. L’étude note toutefois « une hausse modérée et temporaire chaque hiver » du nombre de jours télétravaillés.
Même si elle s’est largement démocratisée, la pratique continue d’avoir ses réfractaires : un salarié sur cinq avec un emploi télétravaillable ne souhaite pas en bénéficier, pointe l’institut de statistique.
2. Les cadres et les femmes télétravaillent plus
Sans surprise, les cadres, qui bénéficient d’une plus grande autonomie et flexibilité dans l’organisation de leur travail, télétravaillent davantage. Les deux tiers (63 %) ont recours au travail à distance, contre seulement 10 % des employés et 22 % parmi les professions intermédiaires (enseignement primaire et professionnel, techniciens, agents de maîtrise).
Parmi les employés qui occupent des fonctions télétravaillables, 13 % ne peuvent pas télétravailler parce que leur employeur refuse, contre moins de 3 % pour les cadres, « suggérant un pouvoir de négociation plus faible ou une confiance plus limitée de l’employeur envers les premiers », pointe l’Insee.
Les femmes ont une probabilité de télétravailler 6,4 % plus importante que les hommes à caractéristiques et emploi identiques, révèle aussi l’institut de statistique. La proportion de télétravailleurs est plus élevée dans certains secteurs comme l’information-communication (75 %) et les services financiers (60 %).
3. Les plus jeunes et les managers vont plutôt au bureau
Les salariés ayant intégré l’entreprise depuis moins d’un an télétravaillent moins, en moyenne, que ceux qui y sont depuis plusieurs années. Les moins de 24 ans ont aussi une probabilité inférieure de 5,8 % d’avoir recours au télétravail, par rapport aux travailleurs de 30 à 34 ans.
« Cela reflète non seulement le fait que les débutants occupent moins d’emplois télétravaillables, mais aussi qu’une plus forte proportion d’entre eux déclarent que leurs employeurs ne souhaitent pas qu’ils télétravaillent, possiblement pour favoriser leur supervision et leur intégration au collectif de travail », estime l’Insee.
Sans surprise, les managers vont davantage au bureau que leurs collaborateurs sans responsabilités d’encadrement. Ces derniers ont une probabilité 2,9 % plus importante d’être en télétravail.
4. La taille et la proximité du domicile ont un rôle à jouer
Les salariés ont tendance à télétravailler davantage s’ils habitent loin de leur lieu de travail. Ceux qui doivent parcourir entre 50 et 99 kilomètres pour se rendre au bureau ont une probabilité de télétravailler 10,4 % plus importante que ceux vivant à moins de 5 kilomètres. Un chiffre qui grimpe à 12,2 % pour les salariés qui vivent à plus de 100 kilomètres de leur lieu de travail.
Enfin, les salariés vivant dans un petit logement – moins de 20 mètres carrés – ont tendance à moins télétravailler que leurs collègues disposant d’une plus grande surface.
Sarah Dumeau