C’est un défi de taille qui attend la filière automobile : l’interdiction, d’ici une dizaine d’année, de la vente de voitures thermiques émettant du CO2 au sein de l’Union Européenne. Pour anticiper au mieux ce changement majeur, la Direction de la formation Réseau France s’est fixé pour objectif de former l’intégralité de son réseau, soit 7.500 personnes, à l’électrique d’ici fin 2024. Explications.
A quels enjeux fait face Renault distribution ?
Arnaud Sautier : Un enjeu de main d’œuvre dans un contexte de pénurie et un enjeu de transformation métier. Ce dernier découle du futur plan produit de Renault en lien avec la directive européenne qui va interdire, à partir de 2035, la vente de véhicules à essence, diesel ou hybrides neufs.
Notre priorité est d’accompagner le réseau de distribution dans l’apprentissage de la réparation des véhicules électriques. Mais nous devons également les maintenir à niveau sur le thermique car nous continuerons, dans les 20 prochaines années, à entretenir ces véhicules.
Quelle est votre stratégie ?
A. S. : D’une part, notre ambition est de former un maximum de mécaniciens au titre professionnel de Technicien Électromécanicien Automobile. De l’autre, dans un marché pénurique, nous devons trouver des jeunes et des personnes en reconversion pour augmenter le nombre de mécaniciens du réseau. Ma conviction est que l’avenir de la formation professionnelle ne doit plus passer uniquement par le centre de formation Renault mais par tout un écosystème de partenaires.
Quels dispositifs avez-vous mis en place ?
A. S. : Nous nous sommes appuyés sur la loi Avenir de septembre 2018 pour créer un CFA hors les murs Renaults. Cela nous a permis de déployer de la formation continue dans les CFA et de l’apprentissage dans les lycées professionnel. Nous répondons au marché pénurique à travers la création de parcours de formation Bac professionnel en mécanique et en carrosserie pour être mécanicien dans le réseau, et de titres professionnels technicien électromécanicien automobile, réparateur en carrosserie et peintre en carrosserie pour devenir électromécanicien ou carrossier référent.
Pourquoi votre choix s’est porté vers le CFA ?
A. S. : Le CFA est une structure qui permet d’établir une relation gagnant-gagnant avec nos partenaires parce qu’elle contribue à rapprocher le monde de l’entreprise du monde des jeunes. Pour dispenser des formations colorisées Renault (en apprentissage ou en formation continue), nous dotons les partenaires des derniers véhicules, des technologies de pointe, des outils de diagnostic… de tout ce dont ils ont besoin pour leur pratique atelier.
Combien de personnes avez-vous formé ?
A. S. : Entre la formation continue à travers le CFA et le parcours de développement de compétences pour passer de mécanicien à électromécanicien, nous formons chaque année entre 300 et 400 personnes. Nous ambitionnons de former 1 500 personnes par an : 500 jeunes en apprentissage pour le Bac pro mécanique, 200 en carrosserie et 500 en formation continue pour le titre de technicien.
Quelles sont les difficultés auxquelles vous avez été confronté ?
A. S. : La mise à disposition de moyens – financiers mais aussi logistiques – dans les CFA et les lycées professionnels et la nécessité de donner une coloration Renault aux formateurs. Pour cela, nous avons travaillé avec le cabinet Spinpart et Aliénor Desprez qui était en charge avec moi d’organiser et de mettre en place cette infrastructure.
L’Avenir de la formation professionnelle doit passer par un écosystème de partenaires
Que diriez-vous à un jeune qui voudrait se lancer ?
A. S. : Les métiers de la distribution automobile sont très enrichissants, ils offrent des évolutions de carrière intéressantes et rapides. Les véhicules évoluent vite, sont de plus en plus techniques, complexes et haut-de-gamme. Pour cela, nous avons besoin de personnes formées, de haut niveau.
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