À l’horizon 2030, les métiers de back-offices devraient être les plus touchés par l’essor de l’intelligence artificielle. Pour gérer la transition des salariés vers d’autres métiers, la formation sera clef.
Comme le montre l’élargissement récent des domaines de collaboration du robot Watson d’IBM et du groupe Crédit Mutuel, les domaines d’applications de l’intelligence artificielle dans la finance sont pléthoriques.
Après avoir commencé à faire usage de l’intelligence cognitive pour analyser les e-mails de ses clients ou aider ses conseillers à s’orienter dans la documentation interne de la banque, Crédit Mutuel veut désormais le mettre à profit pour améliorer, entre autres, la productivité dans la gestion de la conformité ou des risques.
Ces évolutions ne seront pas sans conséquences pour l’emploi, confirme le cabinet de conseil McKinsey dans un rapport qui chiffre l’impact de ces technologies à l’horizon 2030 pour les banques et assureurs d’Europe de l’Ouest et américains.
Les fonctions support dans le viseur
Sans surprise, ce seront les métiers liés aux fonctions supports et les effectifs qui travaillent au suivi administratif des dossiers dans les agences qui devraient être les plus impactés : le rapport prédit une baisse de près d’un million d’emplois dans ce domaine des deux côtés de l’Atlantique d’ici à 2030.
Les métiers les plus à risques sont divers : agents de recouvrement, opérateurs de saisie de données, courtiers et conseillers en assurance, employés d’agences ou encore spécialistes du support informatique.
Si ces prévisions se confirment, ces fonctions qui concentrent aujourd’hui le gros des effectifs du secteur, soit 38 % à fin 2016, ne représenteraient plus que 31 % en 2030. « Parmi les tâches de gestion, de saisie d’information ou de comptabilité, celles à plus faible valeur ajoutée ou celles particulièrement prévisibles ont un potentiel d’automatisation plus important avec l’essor des outils d’intelligence artificielle.
Ces derniers seront capables de les prendre directement en charge, tout en assurant des gains de productivité », prédit Sébastien Lacroix, directeur associé senior chez McKinsey.
De nouveaux métiers émergeront
A l’horizon 2030, McKinsey n’anticipe toutefois pas de baisse globale d’effectifs massive dans le secteur de la banque et de l’assurance car d’autres métiers devraient renforcer leurs rangs. « Les besoins en compétences technologiques, notamment en développement de solutions digitales ou en analyse et exploitations de données vont croître fortement. Plus surprenant, les compétences relationnelles notamment dans le service clients vont aussi se développer car la dimension humaine y conserve une valeur ajoutée très nette.
Enfin, les métiers de spécialistes (analystes financiers, responsables de l’octroi des prêts, etc.) devraient aussi se développer », fait valoir Sébastien Lacroix.
Le cabinet estime que ces métiers de spécialistes vont concentrer le gros des effectifs du secteur en 2030, soit 41 % contre 38 % à fin 2016. Pour s’assurer une transition sans heurts, banquiers et assureurs devront donc trouver les moyens de former leurs collaborateurs pour les faire évoluer vers de nouveaux métiers. « Il faut s’y prendre dès maintenant », prévient Sébastien Lacroix.
Sharon Wajsbrot