Les membres du collectif MentalTech dénoncent des croyances autour des maladies mentales que l’on doit déconstruire. Alors qu’un salarié du privé sur deux fait face à des difficultés psychologiques, les entreprises ne peuvent plus se contenter d’un accompagnement santé marginal.
Alors que 12 millions de Français sont aujourd’hui atteints par un trouble psychique, la Semaine pour la qualité de vie au travail a été l’occasion de faire un focus sur ce pan non négligeable de la vie quotidienne. Un baromètre signé Alan et Harris Interactive a révélé qu’en mai 2022 un salarié du privé sur deux rencontrait une difficulté psychologique. En parallèle, 76 % des collaborateurs estiment que l’entreprise est responsable de leur bien-être psychique, quand seules 31 % d’entre elles implémentent des ressources dédiées. Et pour cause, les poncifs ont la vie dure et se retrouvent malheureusement entretenus par certaines littératures plus opportunistes qu’éthiques. Il est souhaitable que la démocratisation galopante du sujet, couplée aux efforts d’innovation de notre écosystème numérique, permette rapidement de déconstruire les mythes qui lui nuisent encore.
1. Une action désintéressée
Le premier mythe est le suivant : l’entreprise doit savoir animer le collectif pour prendre soin de l’individu. Dans le vaste monde de la qualité de vie au travail, la confusion règne. Des séances de yoga en entreprise participent-elles aux solutions de santé mentale ? Mais d’ailleurs, qu’objective-t-on réellement avec elles : la cohésion d’équipe ? La bonne santé physique ? Ou bien espère-t-on prévenir l’apparition de risques psychosociaux ? Le fait est que si la mise en place de solutions collectives peut être bénéfique, les entreprises doivent aussi tenir compte de situations individuelles. Car que l’on soit parent, aidant familial, porteur d’un handicap, ou simplement en télétravail, chaque actif peut être sujet à un trouble particulier, qui non seulement l’accompagne dans son quotidien au travail, mais peut même être déclenché ou aggravé par lui.
Ensuite, la qualité de vie au travail permet avant tout d’augmenter la productivité de l’entreprise. L’Institut Sapiens, dans une note réalisée à notre demande, estimait en mars dernier le coût du mal-être au travail à 13. 340 euros par collaborateur concerné et par an. Mais cet argument est-il vraiment recevable ? Ne sous-entend-il pas que des entreprises s’estimant peu impactées n’auraient pas à s’emparer du sujet ? Parce que la santé mentale est un enjeu fort de santé publique, nous gageons qu’il leur incombe de s’en saisir, au titre de leur responsabilité sociétale. A l’instar de leur prise de conscience récente sur l’environnement, il est donc urgent que nos entreprises, aptes à déployer des solutions à grande échelle, s’engagent avec sincérité et désintérêt sur les terrains de la prévention, mais aussi de la promotion d’outils de diagnostic, de traitement et de suivi des troubles.
2. Une obligation pour l’employeur
Selon ce dernier mythe, la santé mentale relèverait de l’intime et l’entreprise ne serait pas concernée. Dans cette croyance, la qualité de vie au travail est réductible à la mise en place de locaux accueillants avec des paniers de fruits frais pour les collaborateurs. Leur santé mentale serait un problème extérieur à l’entreprise, ce qui est faux et cette croyance n’est plus une option.
Au même titre que l’entreprise a su s’emparer de sujets liés à la garde d’enfants (crèches), à la santé physique (abonnements sportifs) ou encore au bien-manger (restauration d’entreprise de qualité), c’est bien à elle qu’il appartient de prendre soin de la santé mentale des collaborateurs. L’article 4121-1 du Code du travail est très clair : « L’employeur est tenu par la loi de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale de ses salariés. L’employeur ne doit pas seulement diminuer le risque, mais l’empêcher. »
Mais où s’arrête l’implication de l’entreprise ? Nous militons pour une approche préventive la plus individualisée possible ainsi que la facilitation d’accès à un panel d’outils numériques existants, permettant ainsi des actions sur-mesure, un suivi hors des murs, et la garantie de données anonymisées et protégées.
MentalTech est un collectif français dédié à l’émergence de solutions numériques en santé mentale.
Les Echos Entrepreneurs