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Santé mentale : près d’une salariée sur deux en souffrance, alerte une étude

La santé mentale des salariées

Dans son « Baromètre Santé au travail » publié ce jeudi, Malakoff Humanis s’intéresse à la santé mentale des femmes. Et celle-ci se dégrade fortement. La prise en compte du sujet par les entreprises est désormais un enjeu de fidélisation des salariées.

La santé mentale des femmes se dégrade. C’est le constat sans appel dressé par le « Baromètre Santé au travail », publié ce jeudi par Malakoff Humanis.

« Plusieurs indicateurs nous laissaient penser qu’il y avait un sujet femme », avance Anne-Sophie Godon, directrice des services chez Malakoff Humanis. « Elles sont plus nombreuses à être arrêtées, on a vu aussi qu’elles se faisaient plus de soucis pour leur famille, ou pour l’avenir, et qu’elles étaient davantage confrontées à la monoparentalité », liste-t-elle.

Les résultats de l’étude publiée ce jeudi confirment cette intuition. Les femmes sont ainsi 44 % à se déclarer en mauvais état de santé psychologique, contre 32 % des hommes. Elles étaient 40 % à dresser le même constat en 2020. Troubles du sommeil, fatigue et anxiété sont les maux qui les touchent le plus, et de façon croissante. Elles sont en outre 52 % à se déclarer épuisées professionnellement.

Des sujets d’angoisse multiples

Pourquoi un tel écart ? Notamment car les femmes semblent globalement plus inquiètes que les hommes. L’actualité jalonnée d’épidémies, de guerres, et de violences serait ainsi une source d’inquiétude pour 82 % des femmes, contre 71 % des hommes. Pollution, sécheresse, tempête, inondation… 80 % des femmes, contre 69 % des hommes, déclarent également être préoccupées par l’environnement.

Situations personnelles, comme professionnelles, sont évoquées pour expliquer le mauvais état de santé des femmes. L’un des principales raisons personnelles mises en avant, n’est pourtant pas complètement décorrélée du monde du travail. Il s’agit de la situation financière.

Une situation financière pesante

« Il y a une sorte de cercle vicieux, les femmes sont plus nombreuses à travailler à temps partiel parce qu’elles s’occupent aussi plus souvent de la famille et cela explique l’écart de revenus. Elles ont aussi moins accès dans le temps aux progressions professionnelles. Finalement, on conjugue à la fois des problématiques d’ordre personnel et professionnel », analyse Anne-Sophie Godon. Les femmes représentent par exemple dans 85 % des cas de monoparentalité, ce qui les plonge parfois dans la précarité.

Leur situation financière est ainsi la première raison personnelle avancée par les femmes (39 %) pour expliquer leur mauvais état de santé psychologique. Il s’agit seulement de la cinquième raison évoquée par les hommes, qui sont davantage préoccupés par leur situation familiale compliquée (37 %), leurs problèmes de santé physique (29 %), l’actualité (27 %) ou leur isolement social (27 %).

Le rôle des entreprises en question

Autre élément mis en avant pour expliquer leur santé mentale dégradée : la surreprésentation des femmes dans le secteur de la santé, très pénible psychologiquement. Ainsi, 67 % des salariés du secteur de la Santé et de l’action sociale sont des femmes.

Pour les entreprises, la prise en compte des sujets qui touchent spécifiquement les femmes est primordiale. « Il y a d’une part un enjeu légal et pour le reste c’est un véritable enjeu de performance de fidélisation des entreprises », souligne Anne-Sophie Godon. Maternité, endométriose et ménopause font partie des pistes de travail. Mais les femmes réclament plus. Elles sont ainsi 65 % des femmes à vouloir recevoir une aide psychologique dans l’entreprise en cas de difficultés personnelles, ou professionnelles.

Par Tifenn Clinkemaillié