Tendance – La crise liée à la pandémie de Covid-19 aura mis en lumière le rôle-clé du supply chain manager au sein des entreprises. Une expertise qui sera tout aussi essentielle à l’heure de la reprise.
Jusqu’alors peu valorisée au sein des entreprises, la fonction supply chain acquiert enfin ses lettres de noblesse.
Au plus fort de la crise liée à la pandémie de Covid-19 , le rôle de ces professionnels s’est révélé stratégique :
- non seulement pour répondre aux besoins d’approvisionnement critiques – dans la santé, l’agroalimentaire…,
- mais aussi pour éclairer les comités exécutifs sur la situation de chaque échelon – achats, flux de production, préparation des commandes, optimisation de la livraison, gestion des stocks.
Afin d’analyser la valeur ajoutée protéiforme des supply chain managers, l’Association française de la supply chain et de la logistique (Aslog), a réalisé, en partenariat avec le cabinet de chasse de têtes Heidrick & Struggles, une étude sur les enjeux de cette fonction. Menée auprès d’une grande diversité de profils, de métiers, d’organisations et de secteurs, elle laisse entrevoir la place essentielle de la supply chain dans la gouvernance post-Covid.
« La crise a mis sous le feu des projecteurs les compétences des supply chain managers :
- capables de contribuer à l’orchestration de la gestion de crise,
- de tirer parti de données changeantes,
- d’organiser de nouveaux process
- ou encore de mobiliser des équipes en mode agile »,
assure Philippe Raynaud, membre du comité exécutif et animateur du Lab RH de l’Aslog.
Et Claire Babel, associée chez Heidrick & Struggles, d’abonder : « Jamais apparentée à une voie royale, comme peuvent l’être la finance, le marketing ou le commercial, la supply chain a démontré pendant la pandémie qu’elle était véritablement le coeur de l’entreprise ».
Trois chantiers stratégiques
L’étude lève notamment le voile sur trois chantiers de transformation stratégiques auxquels les professionnels de la chaîne logistique peuvent apporter leurs expertises :
- la révolution numérique,
- la responsabilité sociale et environnementale,
- et l’e-commerce.
- « Sur le volet de la transformation digitale, les supply chain managers peuvent servir de catalyseur dans la mesure où ils ont des compétences en systèmes d’information, en intelligence artificielle, en big data ou encore en usine 4.0 », affirme Philippe Raynaud.
- Concernant l’intégration du développement durable dans le modèle économique de l’organisation, le supply chain manager peut apporter sa pierre à l’édifice avec ses outils – indicateurs, solutions de mesure… -, ses méthodologies et sa connaissance des acteurs, vertueux ou pas , depuis le fournisseur jusqu’au livreur en passant par les entrepôts.
- Ce lien privilégié avec le terrain peut aussi servir de facilitateur pour accélérer le e-commerce.
Suivre l’exemple de Tim Cook
Ces différents champs d’action nécessitent bien évidemment des compétences techniques auxquelles s’ajoutent des soft skills non négligeables comme le leadership ou la capacité à fédérer différents écosystèmes.
« Le supply chain manager est comme un mouton à cinq pattes, à la fois expert technique et analytique, avec un bon relationnel », résume Philippe Raynaud, insistant sur un autre enseignement de l’étude, à savoir les grands enjeux en termes de recrutement, de formation et de développement des parcours des dirigeants de la supply chain.
« Même si, ces quinze dernières années, de vrais leaders ont émergé dans ces fonctions, certains siégeant même au comex, il risque d’y avoir une pénurie de talents, d’où l’importance de valoriser ces métiers, par exemple en cessant de les cantonner à l’exécution et au back office », pointe Claire Babel.
Citant l’exemple de Tim Cook, ancien patron des opérations d’Apple, avant d’en prendre les rênes, Philippe Raynaud pense qu’offrir des carrières plus « larges » au supply chain manager permettrait d’attirer les talents vers ces métiers. Il insiste également sur la nécessité de diversifier les recrutements. « Qu’ils soient femmes ou hommes, ingénieurs ou commerciaux, diplômés de grandes écoles, d’universités ou de filières professionnelles, de Paris ou de région, de ville ou de banlieue, de parcours international ou local, tous les talents y ont leur place », conclut-il.
L’étude Aslog-Heidrick & Struggles en trois pourcentages :
#40 % des supply chain managers estiment ne pas disposer des outils nécessaires pour promouvoir les opportunités professionnelles offertes dans leurs métiers ;
#48 % des entreprises parviennent à fidéliser les collaborateurs de la supply chain ;
#70 % des sondés voient la montée en compétences comme une priorité.
JULIE LE BOLZER