Pour la génération montante des cadres dirigeants, les enjeux de la transformation sont bien plus larges que ceux de la digitalisation des activités.
Le bureau parisien du cabinet Boyden, spécialiste du recrutement de dirigeants à travers le monde, livre ce matin les résultats de son premier baromètre sur la transformation des entreprises, avec un questionnement original : « Que veut changer la nouvelle génération de cadres dirigeants dans l’entreprise ? ».
« Depuis deux ou trois ans, nous observons certaines divergences entre le point de vue des dirigeants en place dans les comités exécutifs et celui des jeunes encadrants qui représentent la relève managériale », explique Caroline Golenko, associée de Boyden, en soulignant combien cette jeune garde est « essentielle à la bonne marche de l’entreprise et vitale pour les projets de transformation ».
Plus d’attention à la formation
L’enquête, menée par l’IFOP auprès de 800 cadres dirigeants âgés de 35 à 45 ans, vient en particulier confirmer la dissonance des points de vue sur la transformation. Les représentants de la génération montante indiquent que leur entreprise envisage principalement sa mutation sous le seul aspect de la digitalisation des activités (47 %).
Mais ils souhaiteraient qu’elle se penche davantage sur les modes de rémunération des salariés (37 %), l’évolution des styles de management (33 %), la formation, le développement des compétences (33 %), le dialogue, le développement du collaboratif, la responsabilisation (31 %), et sur le rythme auquel sont prises les validations (31 %), autant de sujets qu’ils estiment sous-traités par leur entreprise.
Pour eux, le numérique est acquis
Dans le même temps, près de la moitié des interviewés (49 %) estime que la transformation des entreprises est une nécessité et une opportunité, et la quasi-totalité de l’échantillon indique percevoir positivement innovation, collaboratif et digital.
« Il existe un énorme décalage entre ce que les dirigeants actuels sont en train de mettre en place et d’orchestrer en termes de grands programmes de transformation, avec, par exemple, le développement du multicanal et l’acquisition de start-up, et les attentes des cadres qui sont dans leur premier ou leur deuxième gros poste, fait valoir Caroline Golenko. Ces jeunes encadrants appelés à être les dirigeants de demain envisagent la transformation au-delà du numérique, parce que pour eux cet aspect-là est déjà acquis. »
Est-ce dans le même état d’esprit que ces cadres placent en bas de leurs priorités des questions comme la diversité et la féminisation ? « Ce ne sont plus des sujets pour eux qui pilotent des équipes internationales et féminisées », assure Caroline Golenko. Responsabilité (45 %), performance (40 %), respect (39 %) et innovation (35 %) arrivent en tête de leurs valeurs.
Optimistes
82 % des interviewés âgés de 35 à 45 ans sont satisfaits ou très satisfaits de leur situation professionnelle. C’est 8 points au-dessus de la population générale des cadres. S’ils sont un peu moins satisfaits de « l’ambiance de travail » que la moyenne des cadres (76 % contre 78 %), ils sont plus confiants sur les possibilités d’évolution professionnelle (58 % contre 48 %).Ils se caractérisent par leur optimisme vis-à-vis de leur secteur d’activité (67 %), de leur entreprise (65 %) et de leur propre situation professionnelle (62 %).
Valérie Landrieu