Rose fraîche, bois d’agrumes… Pour faire du bureau un lieu attractif, des entreprises se mettent à diffuser du parfum dans leurs locaux, notamment en open space. Au risque d’écoeurer les collaborateurs ?
Un mélange de mimosas, d’iris, de fleur d’oranger et de cèdre. C’est ce que les collaborateurs et visiteurs de Statera sont censés sentir lorsqu’ils entrent dans les bureaux de ce cabinet de conseil.
Installée à Neuilly-sur-Seine, l’entreprise diffuse des parfums dans son hall d’entrée, en open space et dans sa salle à manger depuis 2023. « Entrer dans un environnement qui sent bon participe inconsciemment au fait qu’on s’y sente bien », pense Ian Bradac, fondateur de l’entreprise.
Ces dernières années, de plus en plus d’employeurs sautent le pas. Certaines font appel à des entreprises spécialisées comme Scentys, créé en 2004. Depuis environ deux ans, cette PME, qui s’adressait au départ uniquement aux hôtels et aux boutiques, propose à des entreprises de leur créer une senteur sur mesure ou bien d’en choisir parmi une sélection. « L’idée est, pour les salariés, d’avoir un lieu de travail aussi agréable que leur maison, où ils ont l’habitude d’utiliser des bougies, des diffuseurs, des capillas… », résume Maxime Philippe-Bonelli, nez chez Scentys.
Difficile de contenter tout le monde
Bien souvent, parfumer l’intérieur s’inscrit dans une démarche plus large pour favoriser le bien-être des collaborateurs et le retour au bureau.
« Les entreprises qui font cela s’inspirent de l’hôtellerie de luxe, avec des locaux et du mobilier très soignés, un hall d’entrée où l’on diffuse aussi de la musique, où l’on dispose des plantes qui varient selon les saisons », observe Nicolas Beuvaden, fondateur de Welcome at Work, entreprise qui gère des espaces de travail.
Si certains cherchent, avec une odeur qui leur est propre, à avoir une « signature olfactive », d’autres diffusent avant tout du parfum pour ses effets, explique Maxime Philippe-Bonelli. « Nous proposons depuis peu une collection de parfums actifs ayant des vertus apaisantes, énergisantes ou stimulantes. »
Quel que soit l’objectif visé, choisir un parfum n’est pas une mince affaire. « Il ne faut pas qu’il soit trop puissant, qu’il donne mal à la tête ou soit écoeurant. Notre défi, c’est de trouver quelque chose de consensuel, qui plaise au plus grand nombre », développe-t-il. Nicolas Beuvaden confirme que « l’équilibre est ténu entre quelque chose d’agréable et de gênant ».
En changer au fil des saisons
Chez Scentys, les parfums qui remportent le plus de succès sont une rose fraîche et un bois d’agrumes. Pour diffuser ces parfums, la société installe des diffuseurs dans les pièces choisies par ses clients ou passe par le système de ventilation pour les plus grands espaces. Si certaines n’en diffusent que dans le hall d’entrée, pour marquer le passage entre l’extérieur et l’arrivée, d’autres le font un peu partout dans leur bâtiment.
Parfois, le parfum est diffusé quotidiennement. D’autres préfèrent le faire ponctuellement, pour marquer le coup. « Par exemple, quand des clients leur rendent visite, quand elles organisent un événement en interne… », constate Nicolas Beuvaden.
Comme le parfum que l’on porte sur soi, les salariés risquent de s’y habituer, au point de ne plus le sentir. Alors, Scentys propose à ses clients d’en changer toutes les saisons. « En été, par exemple, on propose un parfum qui rappelle les vacances. En automne, la forêt. En hiver, le sapin… », égrène Maxime Philippe-Bonelli.
Chez Scentys, la demande augmente et vient surtout de groupes du CAC 40, de banques d’affaires ou de sociétés d’assurances. De son côté, Nicolas Beuvaden voit surtout cela « chez des entreprises qui ont les moyens : dans la finance, des cabinets d’avocat, des fonds d’investissement… ». Pour l’heure, il estime que le nombre d’entreprises qui sautent le pas est restreint. Mais si les collaborateurs apprécient, cela pourrait se démocratiser dans les prochaines années.
Chloé Marriault