Le site Glassdoor, notamment connu pour ses témoignages anonymes de salariés sur leur entreprise, s’est récemment intéressé au temps passé au travail en France. Son étude porte notamment sur le présentéisme, le télétravail et la flexibilité des horaires. Les résultats, confrontés à ceux de deux autres études réalisées par Polycom, une entreprise spécialisée en solutions de communication, nous éclairent quant à nos façons de travailler.
Le présentéisme toujours d’actualité
De plus en plus décrié, notamment par les jeunes générations, le présentéisme demeure encore bien présent dans les cultures d’entreprises.
- Un quart des salariés interrogés expliquent culpabiliser d’arriver en dernier au bureau, et près d’un tiers estiment mal vu de quitter le bureau avant 18 heures.
- Un quart des personnes interrogées révèlent être déjà restées au bureau juste pour « être bien vues ».
Nous sommes encore loin des expérimentations suédoises, où de nombreuses entreprises ont testé des journées de 6 heures, le plus souvent avec succès : réduction des arrêts maladies, surplus de motivation et donc de productivité, les bénéfices liés à la réduction du temps de travail semblent nombreux.
Télétravail : une très légère progression
La pratique du travail à distance progresse en France : 29 % des salariés du secteur privé télétravaillent, d’après une étude Ifop. Et 80 % en sont très satisfaits, selon cette même source. Cependant, la crainte d’être mal vu au travail persiste : un employé sur six interrogés par Glassdoor pense qu’il est important d’être vu sur son lieu de travail par ses collègues ou son manager.
Le sentiment des salariés envers le télétravail est relativement ambivalent. Selon une étude réalisée par Polycom :
- le domicile constitue l’endroit préféré pour 68 % des personnes sondées. En revanche, deux tiers des employés de plus de 45 ans craignent qu’il leur soit impossible de se déconnecter du travail une fois chez eux.
- Enfin, 62 % des salariés interrogés par Polycom craignent l’opinion des autres salariés. Dans ces conditions, il n’est pas toujours facile de demander cet aménagement, hormis en cas de force majeure, par exemple à l’occasion d’une grève. Pourtant cette mesure pourrait être efficace : un quart des salariés interrogés par Glassdoor estiment pouvoir être plus efficaces si on leur laisse la possibilité de travailler à distance.
Plus libre, donc plus efficace ?
Car horaire fixe rime-t-il nécessairement avec productivité ?
L’étude Glassdoor semble indiquer le contraire :
- En effet, une personne interrogée sur quatre estime qu’elle serait plus efficace si elle bénéficiait d’horaires flexibles. Et 28 % des personnes sondées affirment même pouvoir effectuer leur travail en 4 au lieu de 5 jours. Une tendance amenée à s’affirmer avec l’arrivée progressive de la génération Z, prête à remettre en question l’organisation de l’entreprise , dont la rigidité des horaires.
- La possibilité de s’échapper plus régulièrement du bureau permettrait aussi d’en atténuer les nuisances, notamment la difficulté de concentration. La totalité (99 %) des employés travaillant en open-space confie à Polycom être distraits une partie de la journée. Un tiers d’entre eux estiment même perdre au minimum une heure de travail par jour !
Si vous n’avez pas la possibilité d’aller travailler chez vous, dans un centre de coworking ou au café du coin, il vous reste, comme 27 % des salariés interrogés, le port d’écouteurs.
Jean-Marie Cunin